I love cinema

Accueil du site > Critiques & Films > Critiques cinema reviews > Bellamy de Claude Chabrol

Bellamy de Claude Chabrol

jeudi 5 mars 2009, par Olivier Bruaux, Thibault Lebert


Voir en ligne : Participez à www.ilovecinema.tv La nouvelle télé du 7e art

Synopsis

Comme chaque année à la belle saison, le commissaire Paul Bellamy vient séjourner à Nîmes dans la maison de famille de sa femme Françoise qui rêve de croisières au bout du monde... Paul ne peut se passer de Françoise, mais il déteste les voyages. Un double prétexte le cloue sur place : l’arrivée inopinée de Jacques son demi-frère, aventurier au petit pied, porté sur la bouteille ; et l’apparition d’un homme aux abois qui lui réclame sa protection. Dans son désir empathique d’aider les uns et les autres, si possible en restant sur place, Paul leur consacrera son temps et ses efforts. Sa curiosité naturelle à enquêter y trouvera son compte. Sa position de frère aîné lui donnera davantage de fil à retordre...

L’homme aux abois dont Paul va s’occuper, c’est Noël Gentil, un quadragénaire effrayé qui se terre dans un motel des faubourgs. Endetté jusqu’au cou, dans l’impossibilité de payer les crédits de la maison où vit son épouse, il se ronge de ne pouvoir honorer la promesse faite à sa maîtresse de l’emmener au bout du monde. Noël Gentil craint la police. Il craint de se montrer. Il craint d’avoir tué. Qui ? Il ne dit pas. Cantonné dans l’angoisse et les approximations, il intéresse Bellamy au plus haut point...

C’est une enquête en solo que Paul va mener, secondé par Françoise son épouse, que l’histoire stimule et mobilise, redonnant par la même occasion un coup de fouet à leur couple tandem dont Jacques le frère cadet, amoureux de Françoise et envieux de son frère, est horriblement jaloux...

Il est plus facile d’aider les autres que les membres de sa famille, c’est une des clés du film...

Le Zoom express d’Oli

Olivier bruaux redacteur en chef www.cinephoto.fr www.ilovecinema.fr Il faut à la fois se laisser bercer par un Chabrol et être toujours exigeant sur la qualité et la fraîcheur. Là, petite déception, on en ressort pas assez repu par ce petit menu pas assez arrosé du traditionnel bon cru bourgeois. Bellamy est moins capiteux que La fleur du mal par exemple. Mais il y a tellement de choses à découvrir dès que l’on gratte le vernis que ce Bellamy reste assez jubilatoire, ne serait-ce que d’avoir un Depardieu incarner un flic sympa à la sauce Maigret.

Le saviez-vous ?

Le titre du film est un hommage évident au roman Bel-Ami de Guy de Maupassant (1885), auteur dont Claude Chabrol a adapté une nouvelle sur France 2.

L’avis critique de Luc

L’inspecteur Bellamy (Gérard Depardieu) est en vacances dans sa maison familiale près de Sète. Il n’aime pas voyager. Il est heureux avec sa femme (Marie Busnel) jusqu’à la visite insistante d’un homme qui épie le couple dans le jardin (Jacques Gamblin). Celui-ci l’invite dans sa chambre d’hôtel et s’accuse d’un meurtre. Cela intrigue l’inspecteur. Mais une autre visite le perturbe, l’arrivée inopinée de son demi-frère (Clovis Cornillac), raté et alcoolique. La cohabitation sera tendue.

Ce qui est bien avec Claude Chabrol, c’est qu’il nous fait entrer dans le monde, hélas peu dépeint au cinéma, de la province et c’est un délice. Il nous fait visiter les beaux endroits, la cuisine, les bons vins et, d’emblée, on est à l’aise, confortablement installé.

Dans son dernier opus, il nous emmène à Sète, dans le cimetière où est enterré Georges Brassens et l’ombre du poète planne partout, même la vendeuse du magasin de bricolage sifflote un air de Brassens !

Mais revenons à l’inspecteur Bellamy. C’est un bon vivant (comme Chabrol lui-même). Le premier soir, il invite le dentiste de sa femme et lui prépare une pintade au chou et cela sent bon ! Le dentiste invite le couple à son tour. Il est en couple avec un autre notable de la région et ils leur ont préparé des huîtres chaudes à se damner.

Le cadre est donc mis. Nous sommes prêts à suivre les méandres de l’enquête que mène, juste pour le plaisir, le bon inspecteur Bellamy (au nom prédestiné). Il finit par s’attacher à l’inconnu (Jacques Gamblin) qui l’a dérangé dans son jardin et il a toutes les peines du monde à démêler le vrai et le faux dans son récit bourré de contradictions. Bellamy découvre que cet inconnu a une double vie, partagée entre sa femme (qui connaît la femme de Bellamy) et sa maîtresse, podologue (pour sa vitrine qui cache d’autres activités). Tout cela est complexe mais Bellamy découvre la vérité alors que l’inspecteur officiel ne voit rien. "L’inspecteur est le plus con que je connaisse" dit-il à sa femme !

L’enquête policière est donc, pour Bellamy, une routine. Les choses se compliquent avec l’arrivée de son demi-frère, alcoolique, qui foire tout ce qu’il entreprend, alors que Bellamy a réussit sa vie. La femme de Bellamy (Marie Busnel) lui demande pourquoi ils se détestent autant. Bellamy lui répond : "C’est pire que ça, mon frère, c’est un peu de moi-même".

Dès lors, le ton, léger au début, prend des allures psychanalytiques et sombres inattendues. La petite musique du début prend des allures de drame et la fin nous laisse une impression de mélancolie. Le film est beaucoup plus profond qu’il n’y parait et on se sent impliqué et touché par tous les personnages du film.

Il faut dire les acteurs sont pour beaucoup dans l’émotion qui nous envahit. Les deux demi-frères sont interprétés par les plus grands acteurs de leur génération : Gérard Depardieu, à la fois énorme (il remplit l’écran !), pétri de certitudes et incroyablement fragile, très amoureux de sa femme (Marie Busnel, formidable et elle aussi très présente). Quant à Clovis Cornillac, son interprétation d’un raté alcoolique, exactement l’inverse de son grand frère qui a tout réussi, est à la fois pitoyable et attachante. Quel grand acteur, aussi bon dans la comédie ("Astérix 3") que dans le drame.

Les personnages secondaires sont eux aussi très attachants, le plus "tordu" étant celui interprété par Jacques Gamblin, torturé et complexe.

Bref, touts ceux qui trouvaient que Claude Chabrol baissait en intensité devraient aller voir "Bellamy". Ce nouvel opus est un grand cru, à déguster sans modération.

L’avis critique de Thibault

Thibault Lebert

Le Chabrol nouveau est arrivé ! Pour la première fois, Claude Chabrol et Gérard Depardieu se croisent dans Bellamy.

Dès le début du film, un inconnu se dirige sur une tombe en sifflotant un air de Brassens. Qui est-il ? Nous n’avons pas le temps de le savoir car la caméra s’éloigne et le générique commence. Un célèbre policier vieillissant en vacances avec son épouse, va s’intéresser à une enquête en panne. Au fil de son enquête privée sur une mort dont on ne sait si elle est criminelle ou accidentelle, Paul Bellamy s’immisce dans les relations entre les êtres avec leurs péchés d’orgueil, leurs souffrances intimes et tues, leurs regrets et jalousies, leurs espoirs et petites joies. L’inspecteur Bellamy apparaît bien vite porteur de lourds secrets. Ce n’est pas un hasard s’il cherche à s’évader de ses vacances nîmoises. Il y a un parallèle évident entre les soucis du commissaire avec son frère et son enquête d’un fait divers bien mystérieux.

Avant d’arriver à un dénouement sur la culpabilité du passé, on doit tout de même se coltiner quelques situations plates et autres incohérences. A part quelques dialogues bien sentis, l’intrigue est peu palpitante et manque de rythme, on s’en désintéresse rapidement. Le burlesque s’annonce parfois à l’improviste, trouvant son point d’orgue au tribunal dans une plaidoirie hilarante et explicite. Chabrol semble vouloir exprimer notre désir de voir le dessous des faits, ce qui se cache derrière toute chose. Il sait révéler la vérité profonde d’une intrigue apparemment conventionnelle, de décors apparemment sans vie, de personnages apparemment sans surprise.

Claude Chabrol réussit à transformer le pachyderme Gérard Depardieu en gracieux et sémillant commissaire qui s’empêtre dans ses relations conflictuelles avec son frère. Le comédien retrouve enfin un rôle à sa hauteur. Ogre et ours à la fois, sorte de Maigret remixé par la poésie cynique et charnelle de Brassens, il occupe l’espace avec jubilation. Malicieux, tourmenté, imposant, surprenant, Gérard Depardieu est magistral. Marie Bunel est excellente en épouse ambiguë et sensuelle. C’est une très bonne actrice qui mériterait d’apparaître plus souvent au cinéma. Ils forment un couple crédible et attachant. Clovis Cornillac possède l’intensité des plus grands. Par contre, le personnage de Jacques Gamblin n’éveille jamais la curiosité sur laquelle est censée reposer l’intrigue.

Mais le réalisateur a fait beaucoup mieux, tant jadis que naguère. Sa mise en scène manque parfois de souffle. Il est plus à l’aise avec les personnages féminins et les actrices comme Isabelle Huppert avec laquelle il a fait ses plus beaux films.

Fiche technique

Genre : Policier, Drame, Thriller

Nationalité : Française

Réalisation : Claude Chabrol

Casting : Gérard Depardieu, Clovis Cornillac, Jacques Gamblin, Marie Bunel, Vahina Giocante, Marie Matheron, Adrienne Pauly, Yves Verhoeven, Bruno Abraham-Kremer, Rodolphe Pauly, Maxence Aubenas, Henri Cohen, Anne Moreau, Thierry Calas, Dominique Ratonnat, Mauricette Pierre, Jean-Claude Dumas, Matthieu Penchinat et Thomas Chabrol

Durée : 110 minutes

Année de production : 2009

Date de sortie : 25 Février 2009

N° de visa : 119639

Répondre à cet article



photos critiquephotos critiquephotos critiquephotos critiquephotos critiquephotos critiquephotos critiquephotos critiquephotos critiquephotos critiquesphotos critiquephotos critique
Cliquez sur les affiches pour les photos & critiques