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Gainsbourg - (vie héroïque) de Joann Sfar (critiques)

samedi 6 février 2010, par Olivier Bruaux, Thibault Lebert


Voir en ligne : www.ilovecinema.tv La nouvelle télé du 7e art

Synopsis

La vie de Gainsbourg, du jeune Lucien Ginsburg dans le Paris occupé des années 1940, jusqu’au poète, compositeur et chanteur célébré dans le monde entier. Le film explore son itinéraire artistique, du jeune homme épris de peinture à la consécration de sa musique dont l’avant-gardisme en a fait une véritable icône de la culture française. Mais aussi la complexité de sa vie adulte à travers ses amours tumultueuses.

L’avis critique d’Oli

Olivier bruaux redacteur en chef www.cinephoto.fr www.ilovecinema.fr

Une poésie portée à l’écran de façon magistrale sans buller ni faire de bling bling SHEBAM ! POW ! BLOP ! WIZZZZZ ! L’on aurait pourtant pu craindre le pire en confiant la réalisation à un auteur de BD dont l’ésotérique comic strip Le chat du rabin n’avait que peu de rapports avec le cinéma. Ici la magie opère à travers les mises en abîmes sublimes et les décalages temporels permettant une fusion anachronique subtile des chansons avec les événements qui les ont créées. Le personnage du double de Serge Gainsbourg, un "diable" de Mister Hyde, prélude à son Gainsbarre est drôle, beau, sensible et sans artifices hi-tech du style effets spéciaux à n’en plus finir. L’interprétation des comédiens est solide, belle et l’on se réjouit de voir un rôle titre interprété par un quasi inconnu très à la hauteur et ce pas uniquement au niveau des oreilles grandeur feuilles de choux.

La force de l’hommage de Joann Sfar est qu’il a su s’éloigner du biopic classique, fanatique et aveugle vu et revu dans Ray (2004), Walk the Line (2006) ou l’excellent Control (2008) pour aller plus vers une proposition métaphorique descriptrice de l’emprise de la folie créatrice comme le faisait le film Amadeus pour Mozart.

Le résultat est fameux, fumeux et beau. Joan Sfar sait faire, ne vous déplaise, en dansant la javanaise.

L’avis critique de Thibault

Thibault Lebert

La vie de Gainsbourg avait tout pour être adaptée au cinéma. Gainsbourg (vie héroïque) est le premier long métrage de Joann Sfar, auteur de bandes dessinées. Loin d’être un biopic traditionnel, le film est traité comme un conte. Il permet au réalisateur de s’affranchir de certains poncifs liés au biopic. C’est Jane Birkin qui a souhaité que sous le titre du film figure la mention conte, pour insister sur le fait que les dialogues et les situations ne sont pas forcément authentiques, même s’il est question de personnes qui ont réellement existé.

Le film s’ouvre sur l’enfance de Gainsbourg. Porté par un Kacey Mottet Klein, au physique ressemblant exactement à ce qu’il aurait pu être à cet âge là. L’agréable surprise se transforme vite en cauchemar. Le jeune comédien dégage de fausses émotions, récitant son texte comme il le peut devant la caméra.

Malgré un personnage captivant et haut en couleur, le scénario s’enlise dans une complexité ennuyante. Sfar a choisit d’inclure dans l’histoire un personnage issus de son imagination, son diable, celui qui l’influence du mauvais coté. Le personnage de La Gueule, sorte de Mister Hyde, apparait régulièrement pendant le récit et dialogue avec Serge Gainsbourg lorsque ce dernier doute. L’idée est intéressante mais a du mal à s’intégrer dans le récit. La Gueule devient ensuite un élément répétitif, utilisée comme un raccourci scénaristique.

Sfar s’attarde à des aspects inattendus de la biographie du chanteur. Certains moments forts manquent, d’autres sans grand intérêt sont présents. Le film n’est pas du tout structuré. Le récit se fait de plus en plus elliptique. On s’ennuit assez vite devant cette suite de rencontres mises les unes à la suite des autres sans aucun sens dramaturgique. Les scènes se suivent et se ressemblent presque.

La première idée de Joann Sfar a été de confier le rôle de Serge Gainsbourg à sa propre fille. D’abord séduite, Charlotte Gainsbourg a finalement décliné cette proposition. La comédienne a bien fait car Joann Sfar révèle un vrai comédien. Molière de la révélation théâtrale en 2002, Eric Elmosnino est un Gainsbourg confondant de vérité. La ressemblance est troublante. A ce niveau ce n’est plus du jeu d’acteur, c’est de l’anthropomorphisme. On retrouve aux côtés d’Elmosnino, une galerie de personnages tout droit sortis du musée Grévin relevant parfois de l’anecdotique. Sara Forestier en France Gall, Philippe Katherine en Boris Vian, Anna Mouglalis en Juliette Gréco, Yolande Moreau en Fréhel et Mylène Jampanoï en Bambou passent vraiment en coup de vent. Ils sont relégués comme de vulgaires figurants. Leurs apparitions manquent parfois de profondeur. Seules Laeticia Casta est parfaite en Brigitte Bardot et Lucy Gordon dans le rôle de Jane Birkin, émouvante et habitée par son rôle. Cette dernière apparition fait oublier son interprétation dans Cinéman. Dans une séquence troublante du film, elle interprète la chanson "Le Canari est sur le balcon", et dans lequel il est question du suicide d’une jeune femme. [1] Riad Sattouf, dessinateur de bande dessinateur devenu lui aussi réalisateur joue un petit rôle , celui du gigolo aux bras de Fréhel. Joann Sfar fait lui aussi une apparition dans son film dans le rôle de Georges Brassens .

La partition de Gainsbourg (vie héroïque) est signée Olivier Daviaud, compositeur et arrangeur qui a travaillé entre autres avec Jacques Higelin et le groupe Dionysos. Les chansons sont revisitées d’une jolie façon comme par exemple la célèbre chanson "Laetitia" beaucoup plus jazzy. Tous les comédiens du film chantent avec leur propre voix dans le film.

Beaucoup de bruit pour rien. Sfar livre un film trop personnel sur Gainsbourg. Revoyer le documentaire Un jour un destin [2]. On préférera attendre patiemment son adaptation du Chat du Rabbin en dessin animé, en juin.

Fiche Technique

Genre : Biopic, Musical

Nationalité : Française

Réalisation : Joann Sfar

Casting : Eric Elmosnino, Lucy Gordon, Laetitia Casta, Doug Jones, Anna Mouglalis, Mylène Jampanoï, Sara Forestier, Kacey Mottet, Philippe Katerine, Yolande Moreau, Claude Chabrol, François Morel, Philippe Duquesne, Grégory Gadebois, Joann Sfar, Riad Sattouf, Chloé Coulloud, Gonzales, Razvan Vasilescu, Dinara Droukarova, Deborah Grall, Ophelia Kolb, Angelo Delbarre, Alice Carel, Le Quatuor, Roger Mollien, Mathias Malzieu, Gilles Verlant, Thomas Fersen, Pierre Brichèse et Marc du Pontavice

Durée : 130 min

Année de production : 2009

Attachées de presse : Alexandra Schamis, Sandra Cornevaux et Delphine Blazy

Date de sortie : 20 janvier 2010

Notes

[1] La jeune femme s’est suicidée en 2009 (lire notre article).

[2] Diffusé sur France 2 fin 2009

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