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Molière de Laurent Tirard

mercredi 31 janvier 2007, par Olivier Bruaux, Thibault Lebert


Voir en ligne : Site officiel de Molière

Synopsis

Moliere Romain Duris Fabrice Luchini Laura Morante Ludivine Sagnier En 1644, Molière a 22 ans. Son Illustre Théâtre, fondé avec les Béjart un an plus tôt, est en banqueroute. Poursuivi par ses créanciers, Molière est jeté en prison, relâché, puis de nouveau enfermé. Libéré, il disparaît. C’est en tout cas ce que les historiens s’accordent à dire, qui ne retrouvent plus sa trace avant plusieurs mois, quelque part en province, où Molière et sa troupe débutent une tournée de treize ans qui leur fera parcourir la France, avant leur retour triomphal à Paris. Que s’est-il passé pendant la disparition de Molière ? Ce film se propose de répondre à cette question, en plongeant le jeune auteur au cœur d’une aventure qui va lui ouvrir les yeux et l’esprit, à la fois sur sa vie d’homme et sur son travail d’artiste.

L’avis critique d’Oli

Olivier bruaux redacteur en chef www.cinephoto.fr www.ilovecinema.fr

Qui n’a pas entendu parler de Molière et de sa maladie mortelle le terrassant en pleine représentation du Malade Imaginaire ? Pourtant, reste que certains détails de sa vie restent obscures et c’est justement dans les salles obscures qu’un possible éclairage nous est proposé par un réalisateur inspiré. Parfois un scénario habile mal habille un film mais il est, en ce mois de février 2007, humble de faire chapeau bas à Laurent Tirard.

La première grande trouvaille est l’évidence de Romain Duris pour jouer ce gentleman cambrioleur de moments de vie, sorte d’Arsène Lupin taillant de sa plume les bijoux révélés par son sens de l’observation aigu. Duris est exquis, effronté et offre une fragilité sensible à un rôle sur mesure. En vérité je vous le dis, de battre mon coeur s’est arrêté, devant sa dextérité avec la langue de Molière pourtant si peu familière à cet acteur de cinéma. Les ruptures sont justes et limpides. Que demander de plus à un acteur ? Un peu plus de chance aux César...

La seconde trouvaille est d’avoir fait avaler son chapeau à Maître encore beau, Fabrice Luchini, renard des écrans et du théâtre qui n’ayant jamais vraiment joué du Molière ne fut aucunement tenté, du moins semble-t-il, de mettre trop de vin dans son vin pour nous en mettre plein les cornets. Luchini, dirigé à merveille, met de l’eau dans son Jourdain, tempère et s’offre un rôle dont le ridicule de situation le fait sortir grandi et Césarisable. Sa connivence avec Romain Duris est parfaite et aucune planche pourrie ne vient faire grincer ce mariage de talents et de fougue contenus.

L’on notera quelques beaux rôles comme celui de Gilian Petrovsky, nouveau venu d’une promotion de cours de théâtre à laquelle j’ai moi-même appartenu. L’anachronisme de situation de sa tirade sur les délocalisations en Espagne sonne très juste et fait rire. Gilian a un boulevard devant lui qui semble s’ouvrir sur un avenir prometteur.

Edouard Baer, Dorante profiteur, est plein de désinvolture intéressée et s’encanaille chaudement d’un texte écrit pour son verbe si paresseux en apparence. Le ton est juste, posé et sincère. Peut-être était-ce le double effet Luchini ? "Moi il m’a beaucoup aidé" a-t-il confié sur RTL en décembre 2007

Enfin les rôles féminins ne sont pas en reste bien qu’un peu en retrait. Il faut cependant rendre un hommage appuyé à Laura Morante qui, d’un battement de cils, donne à sa composition de femme simple de la bourgeoisie, une beauté touchante. Elle est immense de générosité dans son rôle d’Elvire tentant de resister à son Don Juan de Molière Tartuffié. Elle vole la vedette à l’image et crève l’écran de sa splendeur italienne immaculée.

Ludivine Sagnier est impeccable en hôtesse maîtresse de salon fréquenté par un troupeau de précieuses ridicules. Le verbe aussi saillant que sa poitrine, elle tient la dragée haute à ses courtisans épris d’amour admiratif.

La grande force d’une telle tentative biographique est qu’elle reste humble, sincère et admirablement jouée. Gageons que ce concept à la Shakespeare in Love nous vaudra d’autres biographies épiques sur de grands talents mais par pitié Messieurs les cinéastes, évitez-nous la surcharge de romantisme admiratif. Molière y parvient brillament et son éclat pourrait fortement faire briller son nom à l’étranger.

Le film nous transporte dans la vie rêvée d’un ange de la littérature scénique et ce voyage nous est proposé par un Laurent Tirard d’élite...

Avis de Thibault

Thibault Lebert

Laurent Tirard utilise l’histoire de France pour raconter un passage de la vie de Molière. À 22 ans, l’écrivain s’absente mystérieusement et le réalisateur en profite pour inventer ce qui s’est passé durant toutes ces années. Nul besoin de connaître l’intégralité de l’œuvre de l’auteur pour apprécier ce film, bien que cela aide notamment pour certaines répliques. Replongeons-nous dans le Tartuffe et Le bourgeois gentilhomme, deux pièces majeures de Jean Baptiste Poquelin qui ont fait tant souffrir collégiens et lycéens. Le scénario écrit avec Grégoire Vigneron possède d’excellents dialogues et certains deviendront cultes. Laurent Tirard retrouve Édouard Baer après Mensonges et trahisons et plus si affinités. Le comédien incarne avec jubilation Dorante, l’arnaqueur professionnel qui profite de la crédulité du pauvre Jourdain. La pétillante Ludivine Sagnier joue les pestes de courtisane et Fanny Valette les filles amoureuses. Laura Morante et Romain Duris forment un très beau couple. L’une apporte le charme avec un zeste de commedia Dell’arte, l’autre une présence qui nous fait croire au personnage de Molière. L’on en oublie même Bernard Giraudeau dans Marquise et cheky Karyo dans Le Roi danse. Lorsque que l’écrivain et comédien imite à Elmire tous les personnages de la maison, Romain Duris prouve qu’il a véritablement un talent comique et qu’il fait partie de la jeune génération d’acteur dont on peut être fier.
Luchini incarne Monsieur Jourdain, ce qui est très surprenant puisque dans la pièce, le personnage est un imbécile. Hors l’acteur n’a rien d’un sot, il aime la langue de Molière et déclare volontiers du La Fontaine et du Céline à tout va. Il se sert de sa folie pour rendre le personnage touchant et humain. Les cours du professeur de danse (Arié Elmaleh) et celui de musique (Eric Berger) sont irrésistibles. Quant au cours de philosophie, c’est Molière, précepteur particulier, qui enseigne la prose à Monsieur Jourdain.

Molière est un film bien écrit aux dialogues savoureux qui pétillent dans la bouche de comédiens d’exceptions.

Merci à Mesdemoiselles Gaillard et Manar pour m’avoir transmis le plaisir d’écrire à travers Molière et à Oli pour l’alexandrin que voici :

« Ferais-je de la prose sans que je le susse ? »

Avis de Cécilia

Alors que je m’apprêtais à voir un biopic classique, je tombe sur ce petit bijou d’humour décalé dans lequel l’homme de théâtre génial que fut Molière croise les personnages issus de son imagination, dans lequel Laurent Tirard et Grégoire Vigneron, dialoguiste et scénariste très inspiré, alterne conversations issues de leur propre verbe à celles de certaines pièces du grand homme.

Au final, nous assistons, hilares, à des causeries aussi loufoques que réjouissantes à l’oreille. Certes, on retrouve dans la réalisation des éléments biographiques de Jean-Baptiste Poquelin comme son aversion à l’encontre du corps médical qu’on croise, comme d’autres personnages imaginaires directement sortis des pièces de Molière [1], avec bonheur. Mais, le propos n’est pas là. Non ! Molière est beaucoup plus subtil que cela. Il montre comment l’imagination d’un homme de génie peut changer les choses, a prise sur les événements de son époque. Ce long-métrage montre aussi que Molière n’est qu’un homme avec ses convictions, sa morale, ses faiblesses, ses lacunes.

Le coin DVD - Livres

À l’occasion de la sortie du film, une vaste opération de sensibilisation auprès du monde enseignant est organisée en partenariat avec les éditions Nathan. Deux pièces de Molière ont été éditées dans la collection carré classique début 2007 : le bourgeois gentilhomme et le Tartuffe. Un dossier pédagogique de 32 pages accompagne le lancement du film et sera largement diffusé aux professeurs des collèges et lycées. Laurent Tirard et Grégoire Vigneron sont également les auteurs d’un livre édité par Nathan qui propose l’intégralité des dialogues du film et offre un décodage pédagogique des pièces de Molière intégrées dans le scénario.

Fiche Technique

Genre : Comédie

Nationalité : Française

Réalisation : Laurent Tirard

Casting : Romain Duris, Fabrice Luchini, Laura Morante, Ludivine Sagnier, Edouard Baer, Fanny Valette, Mélanie dos Santos, Gonzague Montuel , Gilian Petrovsky, Sophie-Charlotte Husson, Arie Elmaleh, Clio Barant et Eric Berger

Musique/ movie score : Frédéric Talgorn

Durée : 120 minnutes

Année de production : 2006

Date de sortie : 31 Janvier 2007

Budget : 16 millions €

N° de visa : 114 850

Notes

[1] M. Jourdain par exemple

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