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Jean de la Fontaine, le défi de Daniel Vigne

mercredi 18 avril 2007, par Olivier Bruaux, Thibault Lebert


Voir en ligne : photos de tournage

Jean de la Fontaine sara forestier tournage

« Maître corbeau sur un arbre perché

Tenait en son bec un fromage.

Maître renard, par l’odeur alléché

Lui tint à peu près ce langage :

« Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau !

Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !

Sans mentir, si votre ramage

Se rapporte à votre plumage,

Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. »

À ces mots le corbeau ne se sent pas de joie ;

Et pour montrer sa belle voix,

Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.

Le renard s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur,

Apprenez que tout flatteur

Vit aux dépens de celui qui l’écoute.

Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »

Le corbeau, honteux et confus,

Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus. »

Le Corbeau et le Renard

Synopsis

Jean de la Fontaine poster affiche Lorant Deutsch Sara Forestier Paris résonne de mille bruits en ce matin du 5 septembre 1661. Fouquet, le puissant conseiller du roi, est arrêté sur ordre de Colbert : le jeune Louis XIV devient le seul maître. Alors que les autres artistes se précipitent au service du monarque de droit divin, un homme se lève pour affirmer son soutien au surintendant déchu, le poète Jean de La Fontaine. Colbert se jure alors de faire plier le rebelle, seul artiste du royaume à situer son art au-dessus du roi. Dès lors, La Fontaine, même dans la misère, ne renoncera jamais à ses convictions. Sans argent, il résiste, s’amuse, observe, écrit Les Fables, pamphlets assassins contre un régime despotique en pleine décadence. La Fontaine / Colbert, un affrontement qui durera jusqu’à la mort.

L’avis d’Oli

Olivier bruaux redacteur en chef www.cinephoto.fr www.ilovecinema.fr

Patatra !! Maître La Fontaine doit en frissonner de dépit devant tant de légèreté incompétente malgré l’ambition du projet. Si l’intention est louable, les acteurs et les situations font chuter le film de son arbre. Camemberts et couacs parsèment la pellicule et l’entachent sévère ! Le pire nous vient du choix irrévérencieux de Julien Courbey tout droit sorti de IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUED et Beur blanc rouge pour incarner Molière ! Il est tout simplement nul, incapable de s’approprier le ramage allant avec son plumage. La langue de Molière méritait mieux comme représentant.

Certains acteurs tirent leur épingle du jeu cependant, tels que Philippe Torreton, Jean-Claude Dreyfus et Jocelyn Quivrin en Louis XIV. Notons que tous trois sont déjà confirmés et sont issus d’un shéma classique d’aprentissage du métier. Sara Forestier oscille entre le verbe trop gouailleur et la sincérité amoureuse ce qui donne un résultat mitigé mais positif somme toute. Sa scène amoureuse dans la baignoire de palais est à mettre à son crédit.

Enfin, le principal intéressé, Lorànt Deutsch, ne parvient pas à sauver l’oeuvre du bancal. Il campe un Jean de La Fontaine trop peu crédible littérairement, la faute à un scénario mal ficelé et prenant l’eau... de la fontaine bien sûr ! L’ensemble est souvent cata-strophique, perd (son) pied ici et là et dévoile un travail sûrement bâclé voire sous financé avec une bande d’acteurs trop "djeuns" pour une mise en bouche appréciable du texte. Là ou Blanche, porté par de grands noms comme Rochefort, excellait dans l’irrévérence, Jean de la Fontaine perd son défi. La platitude ne reflète que peu de "bravitude" mais induit beaucoup de lassitude. Que dire de cette scène finale où La Fontaine, pourtant de deux ans le cadet d’un fringant Colbert, paraît en faire quatre-vingt dix ? C’est peut-être le biopic de trop après Molière et Beaumarchais l’insolent.

Même s’il on ne patauge pas complètement dans le yaourt, Daniel Vigne nous sert un Jean de La Fontaine génération Yop qui fait flop ! L’on prend racine, on "baille" aux corneilles [1] devant ce qui est loin d’être un Molière.

L’avis de Thibault

Thibault Lebert

Maître Corbeau, sur un arbre perché... La raison du plus fort est toujours la meilleure... Rien ne sert de courir, il faut partir à point... La Cigale ayant chanté tout l’été...

Après le film Molière de Laurent Tirard, voici Jean de La Fontaine de Daniel Vigne, l’homme des fables que nos chères petites têtes blondes apprennent à l’école. Mis à part ses écrits, on ne connaît presque rien de La Fontaine : son opposition avec Colbert est passé complètement inaperçue. On le découvre sous un jour rebelle et passionné. Le film dévoile le contexte historique de l’écriture des fables. Le conflit entre La Fontaine et Colbert tourne à la dérision. Le duel est vraiment peu crédible.

Après s’être glissé dans la peau de Sartre ou de Mozart, Lorànt Deutsch incarne le poète avec conviction et envie. Son jeu est juste, touchant et plein de malice. Il est très loin de ses rôles dans L’Américain, Ze Film et autre Pour le plaisir. Il retrouve Daniel Duval, rempli de sobriété, qui l’avait dirigé dans Le temps des porte-plumes. On ne peut pas en dire autant de Sara Forestier qui agace dans le rôle de la servante Perette, en s’amusant à hurler des grossièretés dans chaque scène, comme si il y avait des séquelles de L’esquive. Jocelyn Quivrin est meilleur en conte de Nansac qu’en Louis XIV. Quand à Julien Courbey, il n’est pas un bon Molière. C‘est une insulte à Philippe Caubère ou Romain Duris. Dans son petit corps, il n’a pas la carrure pour interpréter un tel rôle. Philippe Torreton (L’équipier), Jean Claude Dreyfus (Delicatessen), Élodie Navarre (Jeux d’enfants), Jean Pierre Malo (Tais-toi), Virginie Desarnaud (Comme une image) et Dominique Besnehard complètent la distribution.

Où est la fantaisie qui faisait toute la magie du récent Molière ? Où est le metteur en scène inspiré du Retour de Martin Guerre ?

Vous aurez certainement remarqué dans la scène finale, notre Olivier Bruaux en figurant aux côtés de Lorant Deutsch et Sara Forestier ce qui n’empêche pas le film d’être fort médiocre.

L’avis de Cécilia

Touche à tout littéraire de génie, Jean de la Fontaine méritait bien une biographie cinématographique. D’autant que le genre insufflé par les productions outre-atlantique depuis le succès de Ray avec Jamie Foxx est très tendance. Ce biopic concernant le poète, pamphlétaire, dramaturge et romancier se devait d’être à la hauteur d’un travail littéraire et d’un engagement politique extraordinaire. Or, ce n’est pas le cas. En effet, malgré l’égard scénaristique et de mise en scène face à la réalité historique (les costumes ainsi que les décors sont impeccables et le respect des faits réels), l’ensemble reste médiocre car, afin de toucher un large public, le film est très aseptisé. La bande son par exemple aurait dû être pensé de manière plus dynamique. Le visuel général via la photographie manque de couleurs brutales afin d’imager au mieux la bataille sans merci que Colbert livra à l’auteur qui refusa systématiquement de changer sa voie.

Fiche Technique

Réalisation : Daniel Vigne

Scénariste et dialoguiste : Jacques Forgeas

Interprètes : Lorànt Deutsch, Philippe Torreton, Sara Forestier, Jean-Claude Dreyfus, Elodie Navarre, Julien Courbey, Jocelyn Quivrin, Daniel Duval, Armelle, Jean-Pierre Malo, Sylviane Goudal, Romain Rondeau, Mélanie Maudran, Jean-Paul Farré, Jérémie Lippmann, Mathieu Bisson, Fabienne Babe, Virginie Desarnauts, Emmanuelle Galabru, Jean-François Perrier et Nicky Naude

Date de sortie : 18 avril 2007

Durée : 100 minutes

Musique : Michel Portal

Décors : Régis Nicolino

Costumes : Florence Sadaune

Genre : Biopic

Nationalité : Française

Année de production : 2006

Distributeur : Renzo Films

Site officiel : www.jeandelafontaine-lefilm.com

Jean de la Fontaine Olivier Bruaux comédien

Notes

[1] La véritable orthographe de l’expression est "bayer aux corneilles"

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