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Bosta, L’autobus de Philippe Aractingi

lundi 22 janvier 2007, par Olivier Bruaux


Voir en ligne : Photos de Philippe Aractingi

Contexte

Il y a plus de trente ans, un massacre à l’intérieur d’une « BOSTA » (autobus en Arabe) devait déclencher une guerre civile au Liban. Elle durera 17 ans. En 2005, après 30 ans d’occupation, les troupes de l’armée syrienne quittent le pays ; le Liban renaît de ses cendres et les Libanais apprennent à nouveau à se connaître.

« BOSTA » aborde le thème du renouveau et de la réconciliation du Liban avec lui-même. S’il a rencontré un tel succès local, c’est sans doute que depuis des années, ce processus de réconciliation était déjà largement entamé.

Lorsque la paix est enfin revenue au Liban, il a fallu des années pour exorciser toutes ces haines, pour dépasser l’absurdité de cette guerre civile, pour essayer de comprendre l’autre et commencer à panser les blessures. L’an dernier, à la manière d’une fable joyeuse, « BOSTA » célébrait la naissance d’un sentiment de solidarité entre les différentes communautés du Liban.

La guerre a frappé à nouveau, et dans cette tragédie dont le sens nous échappe, le symbole que « BOSTA » véhicule prend, aujourd’hui, encore plus de sens ; c’est un hymne à la vie.

Synopsis

« BOSTA » raconte l’histoire de sept vieux amis de classe, qui se retrouvent, après une séparation de quinze ans, pour parcourir le Liban dans un vieux car d’école repeint comme une plaie que l’on panse. Les sept jeunes gens vont parcourir le pays à travers leurs villages respectifs pour faire ce qu’ils ont toujours fait : danser. Ce qu’ils tentent d’imposer est un mélange de danse traditionnelle - la Dabké - et de rythme techno. Un mixe un peu hybride qui est le reflet d’une génération qui a trop vite grandi. Tentative de moderniser la tradition dans un monde qui a perdu ses repères. L’autobus traverse ainsi le Liban, au cours d’une tournée mouvementée où, les uns et les autres vont se découvrir et découvrir un pays aux identités multiples.

Dans ce road-movie musical, l’Autobus traverse le Liban d’aujourd’hui et ouvre la voie à la réconciliation. Un voyage initiatique où des thèmes difficiles comme la tolérance entre les religions, la relation au père, l’homosexualité, la position de la femme dans la société libanaise... sont traités sur un ton subtil et résolument léger ! Un voyage musical au rythme techno-libanais !

- Interview de Philippe Aractingi

BOSTA un film, un parcours

Au Liban les guerres ont été multiples. Il y a eu celle de 75, 78, 82, 84, 86, 89, 91, 96... et puis la dernière ! Faut-il encore compter ? Non, car Bosta ne parle pas de politique, mais de Vie.

Mon film a pour thème le renouveau et la réconciliation du Liban avec lui-même. Et c’est dans ce contexte, d’« entre deux guerres » que Bosta a été fait et distribué au Liban. Dès sa sortie, Bosta a été un véritable phénomène. Le film a en effet battu tous les records d’audience. Numéro un du Box-office 2006 avec plus 140 000 entrées (soit deux fois le score de King Kong et de Harry Potter). Chrétiens, musulmans, jeunes, vieux, riches et pauvres se sont tous retrouvés à travers ce film ! Bosta est une œuvre qui a été faite et appréciée par des Libanais qui peuvent aujourd’hui prétendre être des experts en bombardements, fuites, exodes, souffrances et morts... Et c’est peut-être parce que c’est plus difficile de parler de la vie que de filmer la réalité crue que Bosta a eu un tel succès.

Bosta a été fait par aspiration à la normalité tout simplement. Ce n’est ni pour reformuler les clichés sur le monde arabe, ni dénoncer les maux de nos sociétés.

À l’heure où le monde devient de plus en plus belliqueux, que le Moyen-Orient est en phase de sombrer complètement dans l’enfer, un film qui plaide pour la vie est pour moi une nécessité.

Bosta est un cri. C’est l’expression d’un désir sincère, celui de “danser sa peine” !

Montage Financier

« On peut le considérer comme l’un des efforts les plus professionnels du cinéma au Liban. » - The Daily Star

Innovatrice et dynamique, la stratégie financière adoptée pourrait bien révolutionner l’industrie du cinéma libanais.

Plutôt que de rechercher des sources traditionnelles de financements européens, Philippe Aractingi est allé auprès des investisseurs régionaux. « Je suis devenu producteur parce que je n’en avais pas le choix. Je pense que mon film est atypique de part le fait qu’il ne ressemble pas aux autres films du Sud. J’ai eu du mal à m’expliquer auprès des commissions occidentales qui n’avaient qu’une seule vision de Sud » explique-t-il. « Une autre raison pour laquelle je suis retourné au Liban, est que l’argent du monde arabe pourrait être utilisé pour faire des films arabes, plutôt que de suivre un cadre imposé par un paradigme Nord/Sud, on devrait faire les films de la façon qui nous plait. »

Mise en place par ‘the Arab Finance Corporation’ (AFC), cette stratégie est basée sur une nouvelle structure financière dite certificats d’investissement (investment certificates). Ces derniers offrent aux investisseurs des droits sur des revenus futures mais pas le droit de vote. C’est-à-dire qu’ils ont une priorité dans la distribution des revenus jusqu’à être entièrement remboursés et, désormais, jusqu’à atteindre un gain annuel de 15% de leur investissement. De plus, ils gagnent tout surplus de bénéfices jusqu’à 80%, et les 20% restant vont à Fantascope Productions, la maison de production de Philippe Aractingi. Après cinq ans, tout bénéfices iront à Fantascope.

La structure financière mise à part, BOSTA représente aussi un test côté box-office. Les financiers locaux et régionaux ne considèrent toujours pas le cinéma comme une véritable opération rentable. BOSTA pourrait donc contribuer à la déconstruction de cette préconception, ouvrant la voie pour de futurs films subventionnés par les régions. Fantascope et AFC espèrent bénéficier du potentiel de plus de 200 millions d’Arabes pour la vente de billets, marchandising, distribution télé, ainsi que les dérivés (bande originale) et un projet d’adaptation au théâtre.

« Je pense que le potentiel est énorme, que ce soit pour ce film ou les autres, mais il faut commencer quelque part, » conclut Aractingi.

source DP

- Interview de Philippe Aractingi

Fiche Technique

- Distribution : Rodney el Haddad, Nadine Labaki, Nada Abou Farhat, Omar Rajeh, Liliane Nemri, Bshara Atallah, Mounir Malaeb, Mahmoud Mabsout, Rana Alamudin Karam, Sabah, Rouweida Attieh
- Musique : Ali El Khatib, Martin Russell, Simon Emmerson

- Chorégraphie, Alissar Caracalla

- Sortie : 21 février 2007

- Durée :1h52

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