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Les témoins d’André Techiné

mercredi 7 mars 2007, par Olivier Bruaux


Voir en ligne : Photos de Michel Blanc & Sami Bouajila

Synopsis

Les témoins André Techiné Johan Libéreau, Michel Blanc, Emmanuelle Béart Manu débarque à Paris pour chercher du travail, bouleverser la vie intime de ceux qu’il croise : sa soeur,Julie, enfermée dans la musique, Adrien, un médecin extraverti et cultivé avec qui il va nouer une véritable amitié et qui lui présente un couple atypique de jeunes mariés, Sarah et Medhi. Sans le savoir, Manu révélera le désir de chacun.

L’avis de Thibault

Thibault Lebert

Avant les témoins, les films français osant aborder frontalement la question du Sida ne furent pas si nombreux. On se souvient des nuits fauves, film autobiographique de et avec Cyril Collard en 1992.

Après les temps qui changent et le duo Deneuve-Depardieu, André Téchiné nous livre son film le plus personnel, un témoignage sincère sur les premières apparitions du VIH. Ce n’est pas une analyse clinique, ni une chronique historique, mais simplement un témoignage sur la façon dont un petit microcosme de personnes voit sa vie bouleversée par cette nouvelle maladie. L’insouciance, puis sa perte face à la découverte de la maladie, avec cette figure de style qui montre l’apparition des symptômes du virus, par la découverte de simples pelures de soleil sur la peau, ainsi que la reconstruction à la suite de la perte des êtres chers, auront rarement été traités de manière aussi juste et subtile dans l’histoire du cinéma. Le film possède un air de tragédie mais une tragédie qui repose sur une expérience réelle et mondiale. Téchiné n’en fait pas trop, l’épidémie en est à ses débuts, on la découvre, elle est à peine nommée, mais terriblement présente. Le réalisateur signe un film sur le fléau de cette fin de XXe siècle et pourtant l’impression qu’il laisse est la célébration de la vie. On fête une naissance pour commencer, un anniversaire pour finir. La mort est au centre et pourtant c’est l’avant qui compte et l’après. Le film est un ode à la vie, à travers cette guerre que livrent les médecins et chercheurs de l’époque contre ce fléau auquel personne n’était préparé.

L’ interprétation est très intense de la part de chaque acteur qui tient solidement son rôle. Johan Libéreau (Douches Froides) incarne à merveille un jeune homme innocent, un peu naïf, qui débarque à Paris et qui peut librement vivre sa sexualité. Il est jeune, beau et accumule les conquêtes comme en collectionne les timbres. Il est déjà favori pour le césar du meilleur jeune espoir masculin 2008. Michel Blanc est fascinant et bouleversant en vieil homo à la fois résigné dans sa solitude et qui a du mal à se satisfaire seulement d’un amour platonique.
Sami Bouajila donne une touche particulière à son rôle ambigu, il se cherche, ne se comprend pas, se cache et se retrouve. Le rôle est casse-gueule car le flic virile qu’il incarne est pris dans le dilemne de la découverte de sa bisexualité, de la peur qu’on la découvre et de son désir envers Manu.
Julie Depardieu est attendrissante. Elle arrive à étonner par sa présence toute en retenue et une gravité qui donne du relief à l’image. Le cinéaste lui offre le rôle d’une jeune chanteuse d’opéra en herbe. Précisons cependant que la comédienne a été doublée pour les scènes de chant. Emmanuelle Béart est radieuse et Constance Dollé magnifique.

Réalisé en trois tableaux, le film bénéficie d’une image simple et belle. Le découpage du récit et le montage fonctionnent également très bien. Il me reste en tête les mots d’Emmanuelle Béart, lorsqu’elle répond à son mari au moment de retranscrire les enregistrements du jeune homme avant de mourir : « pour témoigner de son passage sur cette terre. »

Les témoins est un film sur la vie et la maladie, l’angoisse et l’incertitude au moment de la découverte du SIDA. André Téchiné maîtrise son propos et sait quoi dire sur ce sujet touchant et personnel. On retiendra que la vie continue malgré la maladie. La boucle est bouclée lorsqu’Adrien ramène dans la maison de départ un jeune homosexuel américain, qui pourrait aussi être contaminé par le sida. Enfin la roue tourne.

Fiche technique

Interprètes : Johan Libéreau, Michel Blanc, Emmanuelle Béart, Sami Bouajila, Julie Depardieu, Constance Dolle, Lorenzo Balducci

Réalisateur : André Techiné

Scénariste : André Techiné, Viviane Zing et Glaurent Guyot Musique/ Movie score : Philippe Sarde

Pays : France

Année de production : 2005

Date de sortie : 07/03/2007

Visa : 113324

Genre : Drame

Distribution : UGC

Durée : 1h55

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