mercredi 7 février 2007, par Olivier Bruaux
Voir en ligne : Blog officiel d’Inland Empire
David Lynch, vous connaissez ? Ce réalisateur américain étrange à la mystique interne incompréhensible des autres êtres humains. Si jamais, il est possible de le considérer comme humain. Il revient avec un nouveau film six ans après Mulholland Drive (2001) déjà passablement inaccessible à la compréhension. Généralement, l’originalité manque cruellement aux scénarios cinématographiques. Dans Inland Empire, pour le coup, c’est peut-être trop inédit. Courage !
Nikki, une actrice dans le mari est mafieux obtient le rôle important, le premier de sa carrière, et tombe sur Devon, star tendance dragueur bad boys. Pour leur collaboration, ils tournent le remake d’un film inachevé autour de 47, un conte tzigane polonais. Or, la précédente réalisation était maudite : les deux acteurs principaux ont été cruellement assassinés. Bienvenue dans l’histoire de l’histoire.
Au-dessus, vous lirez le synopsis [1]. Face à l’écran, c’est un tout autre problème. Inland Empire est très obscure, genre inintelligible. On trouve, en vrac et dans le désordre, des lapins, une légende polonaise maudite, une chorégraphie disco [2] effectuée par des prostituées sous les spot lights d’une salle de séjour, des amants maudits et des meurtres. Et, là, je résume le résumé. Le film ressemble donc à du grand n’importe quoi. Quand à l’histoire [3], elle est encore plus confuse que d’habitude. Et ce n’est pas peu dire.
Une bonne partie du langage filmique est similaire à Twin Peaks (1992), également réalisé par David Lynch. L’ambiance, la photographie, la lumière et la musique sont vraiment très ressemblantes. Certains détails du décor dont le rideau rouge et certains personnages dont celui au langage particulier reviennent également. En parlant des protagonistes, certains apparaissent et disparaissent on ne sait ni où, ni comment et encore mois pourquoi.
Par ailleurs, le long-métrage est inquiétant et énigmatique. Ses personnages sont troubles et mystérieux. L’espace-temps y est complètement différent. C’est encore un David Lynch très mystique, avec des questionnements sur le bien et le mal, pas dans le sens judéo-chrétien mais plus universellement, un peu comme un des concepts humains fondamentaux. La réalisation est chaotique : les gros plans agressent l’espace vital du spectateur. La construction ressemble à un making-of. Les dialogues sont complètement décousus. Certains passages sont filmés en clair obscur comme dans un rêve qui reflète l’imaginaire complexe et touffu de David Lynch. Comme les autres « vrais » films de ce dernier, Inland Empire [4] ressemble à Alice aux pays des merveilles, de Lewis Carroll. Sans queue, ni tête. Aux spectateurs de comprendre ce qu’il peut ou interpréter comme il le sent.
Inland Empire est un quartier de Los Angeles. Quel rapport avec le film ? Presque aucun au premier abord, sauf que David Lynch n’a des cesse de répéter son amour pour cette ville, Mulholland Drive et Hollywood.
C’est plus précisément Hollywood, en tant qu’usine à tournages, lieu de toutes les controverses et légendes, que David Lynch entreprend de nous faire visiter sous la baguette exclusive de sa caméra numérique. N’attendez donc pas une visite en règle de la capitale du 7e art mais plutôt un parcours initiatique multidimentionnel à la mesure du rêve éveillé que vivent les anges qui la peuplent. C’est donc Eyes Wide Open qu’il convient d’entamer la séance tant la prise d’images vertigineusement cryptiques et somptueuses vous surprendra. A n’y rien comprendre parfois, mais le chemin tortueux nous mène très très loin dans un numéro d’acteurs et de situations à couper le souffle.
Un David Lynch de cet acabit se vit intensément, dans la surprise perpétuelle et en gommant de préférence toute envie de comprendre. Soyez prêts pour une expérience mystique, mythique jouant avec vos nerfs et la sensibilité de vos rétines. Méfiez-vous, quand il n’y en aura plus, il en restera encore, c’est garanti.
Titre original : Inland Empire
Genre : Euh ?!!!? Film de David Lynch, ça va comme genre ?
Nationalité : Américain, Polonais, Français
Réalisation : David Lynch
Interprètes : Laura Dern, Justin Theroux et Jeremy Irons
Durée : 173 minutes
Année de production : 2006
Date de sortie : 7 février 2007
N° de visa : 116 933
[1] Un résumé très simplifié afin que le cinéphile puisse appréhender l’histoire !
[2] The Locomotion
[3] L’histoire ? Quelle histoire ?!!!?
[4] L’empire intérieur du réalisateur ?
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