mercredi 3 janvier 2007, par Thibault Lebert
Voir en ligne : Site officiel d’une grande année
Max Skinner, un banquier anglais, hérite du vignoble provençal où il passait autrefois ses vacances estivales aux côtés de son oncle. Il y retrouve Francis Duflot, le vigneron qu’il a connu enfant et qui veille depuis trente ans sur les cépages. Alors qu’il prend possession de ses terres, Max apprend qu’il est suspendu suite à une de ses transactions douteuses. Il se résout à s’installer quelque temps dans la propriété. Sachant qu’un château et un vignoble peuvent valoir plusieurs millions de dollars si le vin est bon, il envisage de vendre. Pourtant, il faut se rendre à l’évidence : le domaine ne produit qu’une horrible vinasse. Max commence peu à peu à goûter la douceur de la vie provençale, mais une jeune Californienne, Christie Roberts, débarque soudain et prétend qu’elle est la fille illégitime de l’oncle décédé, ce qui pourrait faire d’elle l’héritière du domaine.
Une grande année est moralisateur et c’est gonflant. En effet, l’ordure arrogant et égocentrique de base devient sympathique et agréable. De plus, le trader anglais au relationnel humain catastrophique s’installe dans la douce campagne provençale. Tout cela n’a rien de crédible. Le changement de vie est toujours possible. Pas celui de personnalité même lorsque de bons souvenirs remontent à la surface. Et depuis quand vivre à la campagne est universellement mieux que de fréquenter la ville ? Cela dépend intrinsèquement de nous en tant que personne et pas d’une vérité universelle. À titre personnel, je ne supporte pas la campagne. Je ne suis heureuse que dans la pollution parisienne. Pour rien au monde, je ne m’exilerais dans un vignoble. Or, une grande année nous dit que ce changement est salutaire, indispensable à une vie saine. C’est exactement là que le bas blesse. Malgré une réalisation très soignée - Ridley Scott au commande, ce n’est pas rien - et des acteurs formidables, j’ai senti que l’histoire m’imposait un mode d’existence qui ne me convient pas, une pensée que je refuse, un bien-être qui ne sera jamais le mien car je suis moi et pas une autre. Certes, ce que je prétends semble très manichéen. Pourtant, un mode de vie se choisit en fonction de plusieurs détails insignifiants, de nos objectifs personnels ou de notre caractère profond. Pas pour la raison basique que la campagne, c’est mieux.
2007 est vraiment une grande année : les présidentielles, le 60ème Festival de Cannes et la sortie du dernier Ridley Scott. L’action se passe en France, c’est bien pour nos intermittents du spectacle et pour la région Provence Alpes Côte d’Azur qui a accueilli le tournage. Mais le sujet est classique : dès le départ, on sait comment le film va se finir : le cynique trader londonien devient touchant et sensible au contact de la région et d’une charmante restauratrice. Tout est cliché : de la 4L au français au caractère de cochon en passant par Alizée et Charles Trenet. Le réalisateur retrouve Russell Crowe après Gladiator, très à l’aise dans le registre romantique et fait tourner quelques français : Marion Cotillard, qui ravie de son expérience américaine, réitère l’exploit, Didier Bourdon en vignoble, Isabelle Candelier en femme de ménage, Valéria Bruni-Tedeschi en notaire et Gilles Gaston-Dreyfus en œnologue. On retrouve deux acteurs burtoniens qui part leur duo dégagent beaucoup d’émotion et de nostalgie. Albert Finney apporte la sagesse avec philosophie et le jeune Freddie Highmore incarne l’enfance avec beaucoup de naïveté. Après Arthur et les minimoys, le comédien prouve une fois de plus que son talent n’est plus à démonter autant dans les premiers rôles que les seconds. Au final, on assiste à une comédie dramatique sur fond de carte postale. En sortant, le film ne vaut pas un grand cru mais ne ressemble pas à une piquette non plus : mitigé.
Genre : Comédie
Nationalité : Américaine
Réalisation : Ridley Scott
Casting : Russell Crowe et Marion Cotillard
Durée : 118 minutes
Année de production : 2004
Date de sortie : 03 Janvier 2007
Titre original : A good Year
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