mardi 14 octobre 2008, par Olivier Bruaux, Thibault Lebert
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Guillaume Depardieu, vu chez Corneau, Salvadori, Carax ou Rivette, est décédé ce lundi 13 octobre, à l’hôpital de Garches, brusquement des suites d’un choc septique, consécutif à une pneumonie foudroyante contractée en Roumanie lors du tournage de L’enfance d’Icare. Il était âgé de 37 ans.
"C’est une perte terrible pour le cinéma, le théâtre et la musique, c’est quelqu’un de magnifique" Josée Dayan, France 2
"Je le considérais comme un membre de la famille...il y avait de la magnificence en lui...c’est un Raimbault." Vincent Pérez, France 2
"C’est comme si j’avais perdu mon fils" Jean Pierre Mocky, RTL
"Je l’aimais infiniment, c’était un type formidable, un immense acteur. Je l’ai eu au téléphone il y a encore trois jours. Il terminait un film en Roumanie, on parlait de projets, de films à faire. Il avait envie de faire ce métier, c’était un grand artiste, un homme merveilleux", a confié Corneau sur RTL qui s’est dit "bouleversé", parlant de la disparition d’un "petit frère".
Le producteur et réalisateur Claude Berri a déclaré sur LCI que cet événement était "très très affreux" : "C’est quelqu’un que j’ai beaucoup aimé".
Pour le réalisateur Pierre Salvadori, avec qui Guillaume Depardieu tourna quatre films, dont Les apprentis, qui lui avait valu le César du meilleur espoir masculin en 1996, "[l’acteur avait] un point de vue extrêmement déroutant et original, donc poétique".
Selon Pierre Salvadori, le fils de Gérard Depardieu avait "beaucoup de fragilité". Le réalisateur, interrogé sur France-Info, a ajouté que "dans la vie il me semble qu’il était avant tout timide, très timide. D’où beaucoup de souffrance, évidemment, pour pouvoir accéder au monde".
"Guillaume m’a rendu moins idiot", a ajouté Pierre Salvadori. "Il était inspirant...il apportait vraiment à mon cinéma une liberté que parfois je m’interdisais", a-t-il .
La ministre de la Culture Christine Albanel a fait part de sa "profonde tristesse" dans un communiqué. Guillaume Depardieu était une "personnalité riche et complexe", écrit la ministre, qui évoque son "premier grand rôle" dans Tous les matins du monde d’Alain Corneau : "Guillaume Depardieu jouait dans ce film au côté de son père et déjà il s’était fait un prénom", estime Mme Albanel. AP
Fils de Gérard et Elisabeth Depardieu et frère de Julie, également comédienne, Guillaume Jean Maxime Antoine Depardieu, connu sous le nom de Guillaume Depardieu est né le 7 avril 1971 dans le 14e arrondissement de Paris. Il se familiarise dès l’enfance avec le milieu du cinéma. Son père l’emmène avec lui quelquefois sur des plateaux de tournage et le fait figurer dans quelques-uns de ses films : Pas si méchant que ça de Claude Goretta en 1974, Jean de Florette de Claude Berri en 1986 et Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau en 1990.
En 1991, âgé de 20 ans, il joue son premier grand rôle dans le film biographique Tous les matins du monde d’Alain Corneau où il incarne le joueur de viole de gambe Marin Marais jeune, alors que son père joue le rôle du même personnage plus âgé. Sa composition lui vaut une première nomination au César du Meilleur espoir.
En 1993, le cinéaste et ami Pierre Salvadori lui propose d’interpréter un tueur à gages formé par Jean Rochefort dans Cible émouvante. Leur fructueuse collaboration se poursuit avec les comédies Les Apprentis (1995) et Comme elle respire (1997). Sa prestation de colocataire et ami glandeur de François Cluzet dans Les Apprentis, lui permet de remporter en 1996 le César du Meilleur espoir masculin et le Prix Jean-Gabin.
En 1995, une valise tombée d’un véhicule sous le tunnel de Saint-Cloud le fait chuter de moto. Il est hospitalisé à l’Hôpital Raymond-Poincaré de Garches pour une grave blessure au genou. L’opération tourne mal. Il contracte deux staphylocoques dorés dans l’os du genou. Il subit 17 interventions, de nombreux traitements et un an d’hospitalisation qui ne font qu’empirer douloureusement et dramatiquement sa blessure.
Dès lors, ce grand blond à la fois drôle, rebelle et rêveur emprunte le chemin du succès. Directeur d’une agence matrimoniale dans Alliance cherche doigt (1997) de Jean-Pierre Mocky aux cotés de François Morel, il incarne un soldat amoureux de Clotilde Courau (qui partagea sa vie) dans Marthe de Jean-Loup Hubert. Fils de Catherine Deneuve dans Pola X de Carax (1999), il donne la réplique à son illustre géniteur et incarne un fils rejeté qui kidnappe son père, écrivain célèbre, dans Aime ton père de Jacob Berger. Au-delà de sa réputation sulfureuse, il prouve qu’il est un véritable acteur, passant du thriller grand public (Le Pharmacien de garde avec Vincent Perez, qui le dirigea dans Peau d’ange) au cinéma expérimental (Process). En 2003, sa carrière connaît un coup d’arrêt : il est amputé de la jambe droite pour mettre fin aux souffrances consécutives à une infection contractée à la suite des multiples opérations subies après son accident de moto en 1995.
En 2005, Guillaume Depardieu passe du grand au petit écran, puisqu’il incarne Louis le Hutin dans la série télévisée Les Rois Maudits où il joue, une nouvelle fois, aux côtés de son père et de sa soeur, Julie Depardieu. Privilégiant un cinéma d’auteur audacieux, il incarne Armand de Montriveau, un général français repoussé par sa bien-aimée, dans Ne touchez pas la hache de Rivette avant d’être plongé dans la Grande guerre vue par Serge Bozon (La France). Si son nom apparaît dans la rubrique des faits divers (en juin dernier, il était condamné pour conduite en état d’ivresse), il reste un comédien très sollicité -et très estimé : à l’affiche de pas moins de six films en 2008 (Les Yeux bandés, une voix pour Peur(s) du noir), il impressionne dans deux films très singuliers présentés sur la Croisette : Versailles et De la guerre. Et d’ici la fin de l’année, l’acteur, qui débordait de projets (il évoquait notamment la réalisation d’un long métrage), sera à l’affiche de Stella et des Inséparables.
Au voleur (Prochainement), de Sarah Petit
Les Inséparables (2008), de Christine Dory
Stella (2008), de Sylvie Verheyde
De la guerre (2008), de Bertrand Bonello
Versailles (2008), de Pierre Schoeller
Peur(s) du noir (2008), de Blutch
Les Yeux bandés (2008), de Thomas Lilti
La France (2007), de Serge Bozon
Ne touchez pas la hache (2007), de Jacques Rivette
Célibataires (2006), de Jean-Michel Verner
Process (2004), de C.S. Leigh
Le Pharmacien de garde (2003), de Jean Veber
Aime ton père (2002), de Jacob Berger
Peau d’ange (2002), de Vincent Perez
Amour, prozac et autres curiosités... (2002), de Miguel Santesmases
Comme un avion (2002), de Marie-France Pisier
Les Marchands de sable (2000), de Pierre Salvadori
Elle et lui au 14e etage (2000), de Sophie Blondy
Pola X (1999), de Leos Carax
Comme elle respire (1998), de Pierre Salvadori
Marthe (1997), de Jean-Loup Hubert
Alliance cherche doigt (1997), de Jean-Pierre Mocky
L’@mour est à réinventer (1997), de François Dupeyron
Sans titre (1997), de Leos Carax
Les Apprentis (1995), de Pierre Salvadori
L’Histoire du garcon qui voulait qu’on l’embrasse (1994), de Philippe Harel
Cible émouvante (1993), de Pierre Salvadori
Tous les matins du monde (1991), de Alain Corneau
Henry V (1991), de Kenneth Branagh
Jean de Florette (1986), de Claude Berri
Pas si méchant que ça (1974), de Claude Goretta
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