mercredi 30 août 2006, par Olivier Bruaux
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Grâce à cette adaptation cinématographique des Particules Élémentaires, le cinéma allemand change de cap.
L’histoire est divisée en trois parties, se déroule entre le 1er juillet 1998 et le 27 mars 2009 et alterne au fil des pages l’évolution de la vie de deux demi-frères, Bruno et Michel nés à la fin des années cinquante.
Issu du roman métaphysico-scientifico-moral complètement obscur de Michel Houellebecq, Les particules élémentaires - le film - chronique le déclin de notre civilisation. La mise en images rend encore plus lugubre la vie des deux demi-frères. Les deux marginaux, véritables cas sociaux à la fois géniaux et pitoyables, sont extraordinaires de réalisme vivant. Les acteurs sont à fond dans leur rôle respectif. Du coup, si je les croise demain au coin de ma rue, je fuie en courant. Entre subtilité et réalité horrifiante, le film, comme le livre, prouve l’incapacité de la société à accepter ces éléments différents, ces électrons libres complètement amoraux.
Les Particules Élémentaires est aussi géniale que glauque.
Mise à l’épreuve de l’image, la création littéraire perd souvent de sa verve et il faut bien souvent une bonne dose d’écran total aux réalisateurs des adaptations pour se protéger des foudres des journalistes les brûlant du feu des projecteurs.
Michel Houellebecq attendait ses Particules élémentaires disséminées sur pellicules sans grand enthousiasme, lui qui fut dépossédé de l’adaptation de son oeuvre. Et pourtant le film fonctionne et mérite les louanges des critiques.
Michel Houellebecq est content des Particules élémentaires malgré les tumultes liés à l’adaptation qu’il voulait confier à Philippe Harel (Bienvenue au gîte) et dont il avait co-signé la première mouture du scénario.
Finalement Houellebecq s’était désolidarisé, voire insurgé de la reprise allemande du projet mais patatras l’écrivain s’exprimait le 1er septembre sur les ondes de RTL :
« J’avais peur mais en fait je suis assez content...les acteurs sont tellement bons, le vrai plaisir c’est qu’il sont franchement excellents. »
Pour corroborer l’avis de l’auteur, nous pouvons souligner la densité artistique générale du produit final. Les acteurs sont effectivement excellents dans le simulacre de leurs névroses et notre mention spéciale ira tout particulièrement à Moritz Bleibtreu, énorme, et Franka Potente, si rare et si précieuse. Gageons que la reconnaissance du Festival de Berlin ouvrira leur horizon de possibilités de rôles au fil des récompenses à travers le monde. Le parallèle narrant les déboires amoureux de deux demi-frères se voit doublé d’une bande originale aux petits oignons revisitant de nombreux standards des seventies et eighties mais aussi des compositions inspirées de Manfred Banach dans la lignée de The hours de Philip Glass.
Tout semble donc sourire à Houellebecq, auteur taciturne et dépressif qui vient également de trouver un accord avec celui qu’il appelait "le deuxième assassin" sur son blog : le patron de Hachette, son éditeur. Les deux parties se sont donc entendues pour laisser les mains libres à Houellebecq désireux de réaliser lui-même l’adaptation cinématographique de son livre La possibilité d’une île. C’est maintenant la possibilité d’un film.
Genre : comédie dramatique
Nationalité : Allemande
Réalisation : Oskar Roehler
Casting : Moritz Bleibtreu, Christian Ulmen et Franka Potente
Durée : 113 minutes
Année de production : 2006
Date de sortie : 30 août 2006
Titre original : Elementarteilchen
Budget : 6 millions €
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Récompense : ours d’argent du meilleur acteur (Moritz Bleibtreu) au Festival de Berlin 2006
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