lundi 10 mars 2008, par Luc Landfried, Olivier Bruaux
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Daniel Plainview, un prospecteur en oléagineux, achète les droits d’exploitation des puits de pétrole d’une famille vivant dans un ranch au Texas. Le pétrole va-t-il remettre en question le rêve américain auquel il a droit ? Une histoire de famille, de religion, de pétrole et de sang.
There will be blood est puissant, sombre, très bien interprété et à sa manière, métaphoriquement sanglant. Les assimilations Paul Thomas Anderson sont fabuleuses et partent d’une histoire simple comme l’Amérique pour nous donner une belle leçon de cinéma en passant par une bande son musicale prenante.
Digne héritier de Robert Altman (Short Cuts), le réalisateur montre sans détours les contours d’un héros misanthrope plus adepte d’un possible Amon du pétrole, que du Dieu chrétien, rejetant la religion sectaire du pasteur prosélyte Eli Sunday. Les références Bibliques sont à la fois sanguines et terrestres, évidentes et ésotériques, chacun comprenant au moins que le parcours de cet homme, Daniel, est celui d’un Élu autodidacte, le self-made man typique de la grande aventure de la conquête de l’Ouest avec l’océan Pacifique comme limite ultime à cette guerre capitaliste ouverte. Le début est d’une puissance Kubrickienne et reste un hommage évident, jusqu’à sa musique, à 2001, L’odyséee de l’espace. L’on retrouve l’influence d’Altman et de Stanley Kubrick dans le portrait des travers de l’être humain opportuniste, cupide, incapable d’accomplir son amour pour les être chers tant il est absorbé par sa quête du Graal, ici le pétrole.
Que dire des acteurs si ce n’est grandioses avec un Daniel Day-Lewis en grande forme dont la prestation a reçu le Bafta et l’Oscar du meilleur acteur.
Paul Thomas Anderson, réalisateurs des très beaux Boogie Night, Magniolia et Punch drunk love, revient après six ans d’absence pour nous conter l’histoire récente de la découverte du pétrole par le biais d’une fresque flamboyante : There will be blood, inspiré de Pétrole ! d’Upton Sinclair.
Le pétrole est l’or noir, très noir même, puisqu’il corrompt tout, jusque les âmes. Daniel Plainview, au fur et à mesure de son enrichissement, devient de plus en plus odieux. Il achète les terres arides aux paysans pauvres à des prix dérisoires et s’enrichit à leurs dépens. Arrivé au milieu du film, il se découvre un demi-frère, Henry (Kevin J. O’Connor) dont il ignorait l’existence. Pour la première fois, il se confie à lui : "J’aime de moins en moins les gens. Je bâtis un empire pour pour pouvoir m’isoler". Après un tel aveux, on pourrait penser qu’il allait se racheter. Eh bien, non, il reste odieux jusqu’au bout, la rédemption n’a pas lieu et c’est tant mieux. Le film reste noir. Il dénonce tout ce que les USA ont engendré de plus négatif et le constat est terrifiant.
Le cinéma américain est passionnant en ce moment. Il dénonce toutes les tares de l’Amérique, du trafic d’armes (Lord of war) à la guerre en Irak (Jarhead la fin de l’innocence) et au pétrole (Syriana et, donc, ce film de Paul Thomas Anderson).
There will be blood est d’une lenteur inhabituelle pour un film hollywoodien, très contemplatif au début, sans parole, avec juste l’accompagnement musical de Jonny Greenwood (du groupe Radiohead). Le mélange de musique d’avant garde et de chansons faciles est passionnant.
Mais le point fort du film est l’interprétation. Daniel Day Lewis, acteur rare (cinq films en dix ans) donne toute sa puissance pour interpréter Daniel Plainview, prolongement du rôle du Boucher dans Gangs of New York de Martin Scorcese. C’est le genre de personnage odieux qu’on adore détester (comme JR dans la série- TV Dallas). Il est prodigieux et mérite largement son golden-globe et son oscar pour son interprétation. Face à lui, Paul Dano (découvert en adolescent muré dans le silence dans Little Miss Sunsine il y a deux ans), dans un double rôle, lui tient tête avec brio. Il incarne une autre tare de l’Amérique : les prêches évangéliques qui font croire n’importe quoi à une population crédule.
Le film est donc une double dénonciation, très noir, mais en même temps très beau. A chaque fois qu’un puits de pétrole jaillit, c’est une poussée fabuleuse dans le ciel, la libération d’une terre apparemment aride qui décèle des trésors, une richesse hélas très mal mise à profit.
Bref, au final, un chef d’oeuvre que l’on peut découvrir en salles en ce moment pour seulement 3,50 euros grâce à la fête du printemps du cinéma.
A ne pas rater !
Réalisateur PAUL THOMAS ANDERSON
Casting : DANIEL DAY LEWIS, PAUL FRANKLIN DANO, KEVIN J. O’CONNOR, CIARAN HINDS, DILLON FREASIER, SYDNEY MCCALLISTER, DAVID WILLIS
Scénariste : PAUL THOMAS ANDERSON
Ecrivain : UPTON SINCLAIR, (Oil)
Directeur de la photo : ROBERT ELSWIT
Compositeur : JON BRION
Titre original : THERE WILL BE BLOOD
Pays : États-Unis
Année de production : 2006
Date de sortie : 27/02/2008
Visa : 119836
Genre : drame tous publics (quelques scènes peuvent choquer)
Distribué par : WALT DISNEY STUDIOS MOTION PICTURES FRANCE
Durée 2h38
Producteurs : GHOULARDI FILM COMPANY, MIRAMAX FILMS, SCOTT RUDIN PROD
Producteurs délégués : PAUL THOMAS ANDERSON, DANIEL LUPI, JOANNE SELLAR
Distributeur : WALT DISNEY STUDIOS MOTION PICTURES FRANCE
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