lundi 14 janvier 2008, par Olivier Bruaux, Thibault Lebert
Voir en ligne : Photos de Lambert Wilson /pictures
Dante 01, prison spatiale, dérive dans l’atmosphère suffocante de Dante, planète hostile, son seul horizon. À l’intérieur, six des plus dangereux criminels des mondes environnants servent de cobayes à d’obscures expériences.
Une résistance s’organise autour de César, psychopathe manipulateur. Mais son autorité se voit remise en cause par l’arrivée de St Georges, mystérieux détenu, possédé par une force secrète, qu’il apprendra à maîtriser pour faire face à l’hostilité de ses codétenus, et les libérer de l’attraction maléfique de Dante.
Zoom express pour aventure lointaine extra-gallactique au coeur de l’enfer. Des hommes prisonniers de leurs troubles, soignés dans la prison de leurs psy, eux-mêmes prisonniers de leur science et de la station Dante 01.
L’ambiance est chaude, moite, félée et volontairement austère. Les prisonniers ont construit leur monde, à part, hiérarchisé et très vite perturbé par l’arrivé d’un étranger, St Georges le sauveur. Ambiance mystico-christique, miracles et défaillances du système au bord de l’implosion et de la cuisson se telescopent. St georges tuera-t-il le dragon, cette station infernale ?
Marc Caro étonne et nous plonge dans un univers à la Allien teinté d’ethno-Sunshine messianique. Les bêtes en détention sont le centre de toutes les attentions avec de nombreuses références aux camps de concentration (crânes rasés, matricules, maigreur) déjà proposées dans La Cité des enfants perdus.
La grande faille de ce cercle de Dante 01 restera le lyrisme quasi absent qui aurait donné plus de fluidité à l’histoire. Mais les choix techniques, scénaristiques et esthétiques justifient ce manque et le résultat s’impose par une impressionnante précision.
Dante 01 est la première réalisation de Marc Caro en solo.
Associé au talent de Jean-Pierre Jeunet, Marc Caro avait su se faire une notoriété non négligeable grâce à ces deux perles que sont Delicatessen et La Cité des enfants perdus.
Marc Caro signe là un ovni cinématographique. Avec une esthétique qui sublime la folie des personnages, le film aura au moins le mérite de déclencher les passions (positives ou négatives). Il règne dans ce Dante 01 une ambiance très glauque. Le long métrage est un voyage sensoriel qui met le spectateur dans un état de transe hallucinatoire. C’est un huis clos aux portes de l’enfer et de la folie où les plans hallucinogènes s’enchaînent crescendo, en créant une ambiance très particulière. Des fous sont internés dans une nef spatiale pour les utiliser comme cobayes pour des expériences liées à la nanotechnologie.
L’esthétique prime. Le réalisateur est un perfectionniste de l’image et là encore il soigne son œuvre, pour qu’elle paraisse aussi intéressante que ce soit dans le fond comme dans la forme. On prend toujours plaisir à voir un film original et visuellement irréprochable. On est très loin du cinéma Français contemporain, mais plus proche de David Lynch.
Les idées pleuvent. Elles sont bonnes mais mal exploitées. L’univers clos propre à Marc Caro est très bien maîtrisé, mais la patte de Jean-Pierre Jeunet manque a l’appel, le scénario en pâtit.
Lambert Wilson (Palais Royal), Dominique Pinon (Un long dimanche de fiançailles), Bruno Lochet (Les trois frères), Yann Collette (Le bossu), Gérald Laroche (Michou d’Auber), Dominique Bettenfeld (La Môme), François Levantal (Camping), Linh-Dan Phan (De battre mon cœur s’est arrêté) ont embarqué dans l’enfer de Dante.
Un bon film de Science Fiction avec trop de religion et autres allusions a l’enfer de Dante pour trop peu de cohérence.
Nationalité : Française
Réalisation : Marc Caro
Casting : Lambert Wilson, Linh Dan Pham, Simona Maicanescu, Dominique Pinon, Bruno Lochet, François Levantal, Gérald Laroche, François Hadji-Lazaro, Lotfi Yahya-Jedidi, Yann Collette, Dominique Bettenfeld, Antonin Maurel
Scénariste : Marc Caro, Pierre Bordage
Directeur de la photo : Jean Poisson
Compositeurs musique originale du film : Eric Wenger, Raphael Elig
Producteur : ESKWAD
Distributeur : Wild Bunch distribution
Durée : 88 min
Année de production : 2006
Date de sortie : 2 janvier 2008
Budget : 8 000 000 euros
N° de visa : 114497
Genre : Thriller de science fiction - Des images ou des idées peuvent choquer
Cliquez sur les affiches pour les photos & critiques