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Roman de Gare de Claude Lelouch

lundi 16 juillet 2007, par Caro, Luc Landfried, Thibault Lebert


Voir en ligne : Video de Claude Lelouch : 50 ans de cinéma

Synopsis

Roman de Gare Claude Lelouch Dominique PINON, Fanny ARDANT, Audrey DANAAu moment où un tueur psychopathe vient de s’évader de la prison de la santé, Huguette, jeune femme un peu frivole et naïve (Audrey Dana) se fait larguer par sa n-ième conquête, qui l’abandonne sur une aire d’autoroute alors qu’elle allait la présenter à ses parents. C’est alors qu’elle se fait accoster par un étrange individu dont l’intention louable est de la consoler et de la déposer quelque part pour l’aider.

Mais qui est ce personnage étrange qui veille toute la nuit dans la station service où la jeune Huguette remplie de désespoir s’endort... ?

L’avis de Caro

Caroline Tab

Le film commence par la garde à vue de Judith Ralitzer (Fanny Ardant) inculpée pour le meurtre de deux personnes, et puis l’on découvre l’identité de Judith Ralitzer, célèbre auteure, dans une scène où elle est interviewée par Serge Moati (lui-même) pour la sortie de son dernier thriller à succès ; on perd le fil à la Lelouch et on atterrit chez Florence (Michèle Bernier) dont le mari, professeur de français, vient de délaisser le domicile familial de façon inexpliquée ; et finalement, l’on arrive à Huguette...

Voilà comment Claude Lelouch réussit à nous perdre complètement pendant la première grosse demi-heure du film qui dure près de deux heures et comment petit à petit, de façon magistrale, il retisse les mailles emmêlées de l’écheveau, mais... c’est pour encore mieux nous perdre !
Dans une conversation anodine entre Huguette et Dominique Pinon (qui n’est jamais nommé dans le film), réunis depuis l’épisode de la station service, on apprend qu’Huguette adore Judith Ralitzer qui a écrit Roman de gare. L’autre plaisante en se prétendant le nègre de Judith et puis il avoue qu’il n’est qu’un professeur de français en « fugue » de sa famille et de ses élèves. La sympathie naît entre les deux personnages, un lien se noue et Huguette finit par lui demander d’endosser le rôle de son fiancé déserteur, Paul, pour ne pas déplaire une nouvelle fois à ses parents, impatients de rencontrer le fiancé de leur fille.

Le film est lancé, le spectateur commence à sérieusement se triturer les méninges et on imagine un Claude Lelouch qui se délecte d’avoir su nous perdre et nous captiver en focalisant notre attention sur ce personnage mystérieux joué par Dominique Pinon, point névralgique du film, coeur de l’intrigue, clef de voûte de l’histoire, sur laquelle on se casse la tête à essayer de mettre à jour ce personnage impénétrable.

Le scénario est impeccable, l’éclaircissement jaillit finement et par petites touches ce qui permet de savourer pleinement la recomposition de la vraie piste à suivre ; les rebondissements sont multiples et les acteurs excellents. La succession des scènes et des péripéties est bien scandée, la lenteur et l’ennui ne sont pas au rendez-vous, tout est fluide et captivant. Beaucoup d’originalités sont au rendez-vous : les médias (radio, télé) omniprésents qui trament le film et font des liens, ce personnage mystérieux jamais nommé que par l’identité qu’il endosse pour les circonstances du film (le fiancé déserteur, Paul), et plein d’autres petites choses à découvrir, comme une scène « Lelouchesquienne » un peu « space » -« Lelouchienne » n’étant pas très joli même si l’on pense immédiatement au rôle d’Audrey Dana qui ferait opter pour cette dernière dénomination- de « course » en voiture dans les rues de Paris by night, caméra presqu’au plancher, radio allumée... Ca fait son effet !

Mais surtout mention spéciale à Dominique Pinon qui excelle ! On peut tout voir en lui : le psychopathe, le simple d’esprit, le romantique, le séducteur ! Vraiment, il est très bon ! Les autres acteurs aussi mais celui qui crève l’écran c’est bien Monsieur Pinon !!

Monsieur Lelouch quant à lui, on lui dit bravo ! Un film qui risque de réconcilier tous les récalcitrants Lelouchesquiens !

L’avis critique de Luc Landfried

Claude Lelouch, c’est le cinéma de la liberté, de la caméra fluide, des acteurs qui improvisent. C’est à la fois léger et profond, à l’image de son dernier film, Roman de gare. De quoi s’agit-t’il ?

Une femme se fait larguer par son mec en pleine nuit dans une fast-food. La radio annonce qu’un dangereux psychopathe s’est évadé. Un homme (Dominique Pinon) observe la scène. Il fini par aborder la jeune fille en pleurs : "Il ne reviendra pas". Alors, ils sympathisent. Elle est coiffeuse, lui est "nègre" : il écrit les romans pour une auteure à succès (Fanny Ardan). Il lui dit que l’histoire de cette belle inconnue abandonnée sera le thème de son nouveau roman (de gare ?) Ils roulent toute la nuit et elle l’emmène dans sa famille de paysans dans le Jura.

Et ça continue ainsi, longtemps. Le spectateur suit ces aventures sommes toutes banales, avec un intérêt croissant. On est de tout coeur avec cette jeune femme (interprétée par une inconnue) et le "vieux" Dominique Pinon qui retrouve son rôle d’observateur qu’il avait dans le café de Montmartre d’Amélie Poulain et leur voyage est une merveille, au millieu de très beaux paysages ruraux avec en fond musical une chanson de Gilbert Bécaud : "Je viendrai te chercher. N’oublie pas que je t’attendrai" et c’est beau, on a les larmes aux yeux (de bonheur) à la fin.

Un pur délice !

Espèrons que Roman de gare ne sera pas le dernier film de Claude Lellouch qui est régulièrement ereinté par la critique. C’est particulièrement injuste.

L’avis de Thibault

Thibault Lebert

Depuis Les Misérables les scénarios et le succès public semblaientt bouder Claude Lelouch et a juste titre. La claque médiatique et publique de son dernier né a été donc plutôt bénéfique. Claude Lelouch nous offre un thriller plaisant.

Qui sommes nous ? Que croyons-nous que nous sommes ? Comment croyons-nous que les autres nous perçoivent. Comment les autres nous considèrent-ils ? Quelle est notre place dans la société ? Doit-on accepter notre destin ou faire en sorte de le modifier ?

Comme dans un roman de gare l’on retrouve de nombreux genres : histoires d’amour, intrigues policières avec des rebondissements, des ficelles grosses comme des camions et des femmes fatales etc. Le scénario est donc très réfléchi et mêle le film dans le roman. Le film, très littéraire, s’amuse sérieusement à confondre, et à renouveler, comme une schizophrénie en chaîne, les situations et les caractères. Chacun tente de jouer son rôle mais semble dépassé par les évènements, souvent anodins. C’est ainsi que se forme l’imagination d’un écrivain, qui puise dans un lieu, parfois aussi inexpressif qu’une gare, un incident quotidien, le fruit de ce qui sera l’élément moteur de sa trame narrative. Tous les ingrédients du bon polar sont réunis, avec ce qu’il faut de fausses pistes, de rebondissements et de final inattendu. L’histoire nous tient en haleine dès le départ et le réalisateur joue constamment au chat et à la souris avec le spectateur. Tout est oppressant, on ne sait jamais qui est qui comme dans le futur livre que le nègre de Judith Ralithzer écrit.

Dominique Pinon s’affirme enfin comme un acteur majeur. Il est parfait dans un rôle ambigu où il pourrait endosser plusieurs identités différentes. Cet acteur atypique surtout connu pour ces rôles chez Jeunet et Caro ou dans des petits films d’auteur, est rarement en tête d’affiche. Il est éblouissant et fait preuve d’un charme inattendu ; on aimerait le voir ainsi un peu plus souvent dans des premiers rôles. Fanny Ardant est d’une présence remarquable avec une voix toujours aussi envoûtante. L’actrice a su nous épater en rendant son personnage un peu victime, un peu manipulateur mais touchant. La nouvelle actrice Audrey Dana a un talent très prometteur. Elle irradie totalement l’écran et effectue là, un début à l’écran tout bonnement fascinant. Rien à dire pour tous les seconds rôles tous parfaits : Myriam Boyer, Zinedine Soualem, Michèle Bernier, Serge Moati et Bernard Weber.

En s’interrogeant constamment pour savoir qui dit la vérité ?, qui ment ?, l’on arrive à la scène finale sans s’en apercevoir.

Fiche technique

Réalisateur : Claude Lelouch

Genre : policier

Durée : 1H43

Interprètes : Dominique PINON, Fanny ARDANT, Audrey DANA, Michèle BERNIER, Myriam BOYER, Zinedine SOUALEM, Cyrile ELDIN, Eric DELCOURT, Marc RIOUFOL, BORIS VENTURA DIAZ, THOMAS LEDOUAREC , FLORENCE THOMASSIN, EVE BITOUN, REBECCA BLANC, JEROME CACHON , MARIE-VICTOIRE DEBRE , ERIC DELCOURT, CYRILLE ELDIN, ARLETTE GORDON, SARAH LELOUCH, SHAYA LELOUCH, SERGE MOATI, FRED MUSA, GILLES LEMAIRE , DOMINIQUE PELLISSIER, MARINE ROYER, BERTRAND PHILIPPOT

Date de sortie : 27 juin 2007

Scénaristes : CLAUDE LELOUCH, PIERRE UYTTERHOEVEN

Année de production : 2006

Distributeur : Les Films 13

Musique originale/ original movie score : ALEX JAFFRAY

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