dimanche 16 septembre 2007, par Olivier Bruaux
Voir en ligne : Photos de Patrick Rotman
Durant l’été 1956, le FLN décide de porter la guerre dans les villes. Le 30 septembre, des bombes explosent au Milk Bar et à la Cafétéria, deux bars du centre d’Alger fréquentés par la jeunesse européenne. On relève quatre morts et des dizaines de blessés. L’opinion est traumatisée. La psychose de l’attentat s’installe. Le 7 janvier 1957, le général Massu, commandant de la 10e division parachutiste, reçoit de Robert Lacoste, ministre de l’Algérie, une mission claire. La bataille d’Alger doit être gagnée. Elle le sera, au prix d’un recours systématique à la torture, pratiquée dans tous les régiments. Les parachutistes se rendent maîtres de la capitale.
Un documentaire poignant et plein de révélations
"c’est vous qui l’avez pendu - C’est un peu ça" répond le Général Ossares à la question concernant la mort du chef des insurgés d’Alger, officielement suicidé.
Patrick Rothman ne prend pas de gant et interroge sans relâche les principaux gradés et témoins de l’époque, témoignages précieux avant qu’ils ne disparaissent vu leur grand âge. Massu, Aussares sont à l’image. L’un croyant avoir "perdu un peu de [s]on âme", l’autre avouant tout sans sourciller, sans pourtant donner de noms mais tous deux levant les derniers tabous. Les politiques et les militaires en prennent pour leur grade et l’on apprend de sources officielles issues d’archives prescrites ou déclassées que l’Etat et surtout le ministre Lacoste avaient encouragé la torture à L’abattoir.
"Quelques fois pour s’amuser on branchait , [la gégène,] c’était pas si terrible que ça", voilà la desciption des "interrogatoires musclés" qu’était amené à pratiquer un jeune militaire de 18 ans à la Maison Blanche, pas si immaculée que les militaires le disaient. Encore aujourd’hui, il pense que ce n’était pas de la torture.
Le dernier pan du documentaire reçoit le témoignage de Harkis (ceux ayant travaillé dans l’armée française) à la fois trahis par la France et leurs frères algériens en 1962. Entre 60 000 et 150000 seront assassinés par représaille par le FLN.
L’ennemi intime est une grande victoire pour la Vérité et un documentaire courageux à la mémoire des victimes innocentes de ces pratiques honteuses au nom du colonialisme.
La fiche du film L’ennemi intime
Réalisation : Patrick Rotman
Genre : Documentaire historique
Date de rediffusion France 3 : 16/09/2007
Durée : 110 mn
Origine : France (2002)
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