I love cinema

Accueil du site > Critiques & Films > Critiques cinema reviews > Un conte de noël de Arnaud Desplechin

Un conte de noël de Arnaud Desplechin

mardi 3 juin 2008, par Thibault Lebert


Voir en ligne : www.ilovecinema.Tv, stars, interviews, news, cinema & films

Sélection Officielle en Compétition au Festival de Cannes 2008.

Affiche du film Un conte de noel poster a christmas carol DesplechinLe nouveau film d’Arnaud Desplechin, présenté à Cannes en compétition officielle cette année, commence comme une farce et s’achemine vers quelque-chose de plus sombre, ou peut-être de plus lourd. La famille qu’il nous présente est éclatée, au premier sens du terme, presque frappée par une malédiction dont elle semble s’accommoder. C’est un film sur la liberté de tout se dire et qui fait s’interroger chacun d’entre nous sur ces rapports complexes qui composent la famille. Histoire d’une famille qui se déchire et qui s’aime sans savoir s’aimer. Dans cette famille, Œdipe est partout, il n’y a plus de rois, plus de reines, il ne reste que des enfants, tous trop égoïstes.

Chez ces Atrides au petit pied, à la veille de Noël, Junon, la mère atteinte de leucémie a besoin d’une greffe de mœlle, et doit obtenir de ses enfants un test de compatibilité. Parmi eux Elisabeth, l’aînée, psychorigide et dépressive et Henri, conçu pour sauver un frère aîné de la leucémie. Il n’était pas compatible, Joseph est mort et Henri est devenu le mal aimé de la famille. Parce qu’il a eu le sentiment d’être conçu comme un "enfant-médicament" ? Parce que Junon lui a fait sentir qu’elle ne l’aimait pas, qu’il avait tort de vivre ? Ou parce que c’est un perturbateur né ? A chacun sa réponse… Il faut inviter le mouton noir qu’Elisabeth avait banni. Un à un, les membres de la famille Vuillard, déchirée depuis des années, passent sous le scalpel d’Arnaud Desplechin qui les dissèque, les fouille sans complaisance. Le scénario est une merveille de finesse, d’humour et d’intelligence.

Cette histoire familliale trouve écho en quiconque a connu un repas de Noël semblable, de ceux où le vernis des conventions craque et où les vieilles zones d’ombres sont mises à jour... Difficile de situer la limite entre l’amour et la haine que se portent des personnages complexes mais passionnants. On se balance sans aucune pudeur les pires monstruosités à la figure, mais tout cela est filmé avec tant de finesse, d’humour, d’intelligence, qu’on finit par croire et à prendre du plaisir à ce déchirement familial. L’indécence des sentiments, la violence des dialogues, l’intolérance d’une sublime et névrosée soeur, tout cela passe merveilleusement bien.

Le réalisateur accède à la grandeur en radicalisant les traits fondamentaux de son cinéma, tout en s’adressant avec une grande générosité au plus grand public. Desplechin a toujours fait des films hybrides qui n’avaient pas de frontières dans l’esprit comme dans leurs références. Ce film regorge de références (cinématographiques, littéraires, musicales, picturales...) mais en les fondant dans une matière romanesque qui emporte et secoue, qui meut et émeut. Ce que le film dit sur la nature de ces liens, sur le don, sur le jeu, sur tout ce qui fait que les êtres les plus ordinaires sont des héros, voire des mythes (dans la droite ligne de Rois et Reine), tout en étant médiocre comme des humains, tout cela est à la fois magnifique et pathétique, bouleversant et hilarant.

Les comédiens sont tous impeccables ils ne jouent pas, ils sont, ils transportent le film. Mathieu Amalric s’érige, rôle après rôle, comme un monstre sacré du 7ème Art. Le comédien se régale de l’ignominie de son personnage. Catherine Deneuve est magistrale et exceptionnelle. Emmanuelle Devos nous montre une facette de son talent jusqu’à lors inexploitée et donc inconnue. Anne Consigny est vraiment émouvante tout comme le jeune Emile Berling, Chiara Mastroianni ou Jean Paul Roussillon.

Arnaud Desplechin signe avec ce Conte de Noël un portrait chirurgical, reposant sur un subtil malaise, moins évident que le cancer dont il est question. C’est le temps des règlements de comptes et des conflits familiaux, un réjouissant jeu de massacres mêlé d’humour et de douleur. Le réalisateur a saisi dans cette famille un morceau de tragédie grecque, une touche de Wes Anderson et une touche de Bergmann. Son film transpire, respire, retient son souffle : il vit.

Synopsis

À l’origine, Abel et Junon eurent deux enfants, Joseph et Elizabeth. Atteint d’une maladie génétique rare, le petit Joseph devait recevoir une greffe de moelle osseuse. Elizabeth n’était pas compatible, ses parents conçurent alors un troisième enfant dans l’espoir de sauver Joseph. Mais Henri qui allait bientôt naître, lui non plus, ne pouvait rien pour son frère - et Joseph mourut à l’âge de sept ans. Après la naissance d’un petit dernier, Ivan, la famille Vuillard se remet doucement de la mort du premier-né. Les années ont passé, Elizabeth est devenue écrivain de théâtre à Paris. Henri court de bonnes affaires en faillites frauduleuses, et Ivan, l’adolescent au bord du gouffre, est devenu le père presque raisonnable de deux garçons étranges. Un jour fatal, Elizabeth, excédée par les abus de son mauvais frère, a "banni" Henri, solennellement. Plus personne ne sait exactement ce qui s’est passé, ni pourquoi. Henri a disparu, et la famille semble aujourd’hui dissoute. Seul Simon, le neveu de Junon, recueilli par sa tante à la mort de ses parents, maintient difficilement le semblant d’un lien entre les parents provinciaux, la soeur vertueuse, le frère incertain et le frère honni... Un Conte de Noël commence avec la réapparition de la maladie qui avait emporté le petit Joseph : Junon apprend qu’elle est atteinte d’une leucémie qu’aucune chimiothérapie ne pourrait guérir. Il lui faut maintenant trouver un donneur de moelle potentiel parmi les membres de sa famille. Enfants et petits-enfants se mettent chacun à effectuer les tests. Et Paul, le fils d’Elizabeth, l’aîné des petits-enfants, adolescent torturé, se laisse déborder par l’angoisse. Noël approche. Toute la famille se réunit pour trois jours dans la grande maison parentale à Roubaix. Convié par Paul, même Henri a accepté l’invitation et vient accompagné de sa nouvelle conquête : Faunia. Claude, le mari d’Elizabeth, les rejoindra plus tard... L’heure serait aux règlements de compte, pourtant, la situation s’apaise. Et le monde s’enchante. Sylvia apprend les sentiments que Simon éprouve pour elle depuis des années. A-t-elle vraiment vécu sa vie, ou n’en a-t-elle connu que la pâle illusion ? Junon acceptera-t-elle une greffe dangereuse pour soigner une maladie qui ne se développera peut-être jamais ? Claude, le père de Paul, acceptera-t-il que son fils donne sa moelle à sa grand-mère et risque ainsi de porter la responsabilité de sa mort ? Quant à Elizabeth et Henri, que faire d’une dispute qui a perdu toute raison ?

Fiche technique

Réalisateur : ARNAUD DESPLECHIN

Casting : CATHERINE DENEUVE , JEAN-PAUL ROUSSILLON , MATHIEU AMALRIC , ANNE CONSIGNY , MELVIL POUPAUD , EMMANUELLE DEVOS , CHIARA MASTROIANNI , LAURENT CAPELLUTO , HIPPOLYTE GIRARDOT , EMILE BERLING , FRANCOISE BERTIN , SAMIR GUESMI , THOMAS OBLED , CLEMENT OBLED , AZIZE KABOUCHE , MIGLEN MIRTCHEV

Scénaristes : ARNAUD DESPLECHIN, EMMANUEL BOURDIEU

Directeur de la photo : ERIC GAUTIER

Compositeur GREGOIRE HETZEL

Pays : France

Année de production : 2007

Date de sortie : 21/05/2008

Site web : ici

Visa : 117486 | Genre : comédie dramatique tous publics | Durée : 2h32

Producteur : WHY NOT PRODUCTIONS

Partenaire TV : FRANCE 2

Producteur délégué : PASCAL CAUCHETEUX

Distributeur : BAC FILMS

Répondre à cet article



photos critiquephotos critiquephotos critiquephotos critiquephotos critiquephotos critiquephotos critiquephotos critiquephotos critiquephotos critiquesphotos critiquephotos critique
Cliquez sur les affiches pour les photos & critiques