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Non d’une pipe, Jacques Tati par dessous les moulins

jeudi 16 avril 2009, par Olivier Bruaux


Voir en ligne : News, interviews : www.ilovecinema.tv La nouvelle télé du 7e art

"Chanel sans sa cigarette ce n’est pas Chanel, c’est scandaleux" Anne Fontaine, réalisatrice de Coco avant Chanel, RTL, 21/4/ 2009

Olivier bruaux redacteur en chef www.cinephoto.fr www.ilovecinema.frCharlie Chaplin en aurait mangé son chapeau tant la loi Evin est venue mettre son nez là où elle était pourtant sure de ne pas faire un tabac. Nous nous devions de piper mot.

En effet, ce n’est pas tous les jours qu’on taille une pipe à un grand public et ça se passe en souterain de manière publique en France métro-politaine... La vaste campagne d’affichage dans les bus et métro parisiens pour l’exposition Jacques Tati de la Cinémathèque française, a décidé de se donner "des zèles" en affublant le célèbre personnage de Monsieur Hulot d’un moulin à vent sur sa pipe.

Le comble de cette histoire à fumer sous l’eau, c’est que Monsieur Hulot n’allume jamais sa pipe dans les films de Jacques Tati !

I Love Cinema s’associe donc volontiers au coup de gueule générale des cinéphiles contre l’application de cette loi anti tabac par une bande de timides que nous nous garderons de qualifier de "fumistes bureaucrates incultes" histoire de rester dans le clous de la politesse...Il serait bon d’ailleurs de savoir si ce censeur concerné de Métrobus, régie publicitaire de la RATP, nouveau Don Quichotte au sang chaud, pensa un instant passer inaperçu. A-t-il déjà vu un seul des films du grand acteur et réalisateur comique que fut Jacques Tati avant de s’ébattre avec des moulins à vent.

Gageons que l’erreur ne se reproduira plus depuis les précisions officielles par Roselyne Bachelot, ministre de la santé : "La pipe de Tati ne constitue pas une publicité pour le tabac et ils ont bien tort de la cacher...On frôle le ridicule avec cette histoire"

Le plus rassurant outre ce désaveu, c’est que le personnage de Monsieur Hulot est loin d’avoir cassé sa pipe dans le coeur des cinéphiles et qu’il est déjà entré dans le moulin de l’éternité du septième art.

COMMUNIQUÉ DE LA CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE

logo cinematheque de paris

Paris, le 21 avril 2009

Pour la promotion de son exposition consacrée à "Jacques Tati, deux temps trois mouvements", la Cinémathèque française a édité une affiche reproduisant une image de Mr Hulot dans le film Mon Oncle, sa pipe à la bouche. Celle-ci étant destinée notamment à être affichée dans les couloirs du métro et sur les autobus parisiens, la société Métrobus qui gère ces espaces, lors de la présentation de la campagne, a clairement indiqué que cette illustration contrevenait à la loi Evin et qu’il fallait y renoncer ou la modifier. Les délais ne permettant pas de travailler à une nouvelle maquette, Macha Makeïeff, scénographe et commissaire de l’exposition, et ayant droit de l’œuvre de Jacques Tati avec Jérôme Deschamps au sein de la société les Films de Mon Oncle, a proposé, avec notre accord, la meilleure idée possible : remplacer la pipe par un petit moulin à vent, faisant ainsi en sorte que la lettre de la loi soit respectée, mais surtout que tout le monde prenne conscience de la substitution et de son absurdité.

Depuis sa sortie, l’affiche ainsi modifiée a provoquée une campagne de presse d’une ampleur inattendue et toutes les parties concernées ont fait connaître leurs positions. Celles-ci convergent, avec celle de la Cinémathèque française, vers un constat évident : l’application rigide de la loi Evin, stricto sensu, dans un contexte artistique et patrimonial sans ambiguïté possible d’interprétation, amène à faire prendre des décisions absurdes, si ce n’est contre-productives, qui s’apparentent à une forme de censure.

Il convient donc de rechercher les moyens d’amender la loi, en concertation avec les professionnels et dans des conditions suffisamment restrictives, nous en sommes biens conscients, pour éviter un blocage définitif.

Si cet incident de caractère burlesque, bien dans l’esprit de Jacques Tati, pouvait permettre de nous rapprocher de cette solution, alors la Cinémathèque française serait heureuse d’y avoir contribué.

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