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Angel de François Ozon

mercredi 14 mars 2007, par Olivier Bruaux


Voir en ligne : Site officiel d’Angel

Angel François Ozon Romola Garai François Ozon propose un film d’époque, avec les costumes associés à la période histoire durant laquelle la trame se déroule. Le réalisateur français nous sort le grand jeu. Son actrice principale - la Britannique Romola Garai, 23 printemps au compteur - est inconnue ou presque au sein de l’hexagone. Nous avons pu la voir dans Dirty Dancing 2 en 2004 ou plus récemment dans Scoop, le dernier long-métrage réalisé par Woody Allen.

Synopsis

Angel Deverell est sure d’elle, de son avenir, de son succès tout proche. Angel sera écrivain ou ne sera pas. Son entourage la pense rêveuse. Elle prouvera à la terre entière et à sa mère que son imagination mènera sa carrière professionnelle au sommet. Ce sera le cas dès sa première publication. Sur le chemin de la gloire, elle trouvera même l’amour. Pourtant, elle ne réussira pas à tout mener de front. Les génies demeurent seuls toute leur vie.

L’avis d’Oli

Olivier bruaux redacteur en chef www.cinephoto.fr www.ilovecinema.fr

François Ozon nous emmène au pays des merveilles, celui de la grande illusion du cinéma et des contes de fées.

En soufflant du côté de au tant en emporte le vent et des épopées Technicolor des années 50, le réalisateur s’épanouit et ose les hommages appuyés et pompeux.
C’est ainsi qu’il s’amuse à détourner les contes de fées en transformant sa Cendrillon de modeste naissance en reine des bals et du monde qui l’admire. Mais sa métamorphose cruelle à doses de Blanche Neige sautillant comme le Petit Chaperon rouge vêtue de peau d’âne ne fait qu’illustrer le parcours d’une vie de maux passants. Ce n’est là que l’apPerrault. Car l’art de la citation n’est rien s’il ne s’accompagne d’une maîtrise de la mise en scène afin d’inclure un acte personnel de création qui fera d’un film une oeuvre originale bénie des dieux du succès.

En voyageant transversalement du rêve à la réalité, François Ozon brise le doux linceul de l’innocence durci par le glacis de l’expérience. Point d’apitoiement sur le sort de son sujet si ce n’est l’envie de montrer les grandeurs et décadences au pays de Shakespeare et Dickens.

Il s’entoure pour cela de brillants acteurs dont Charlotte Rampling qui gravite depuis longtemps dans les hautes sphères de la couche d’Ozon. Sa froideur charismatique vient heurter l’insouciance brute du nouveau génie littéraire découvert par son mari. Romola Garai est sans conteste la pétillante révélation de cette belle distribution mais elle est efficacement épaulée par de solides seconds rôle comme celui de la lumineuse Nora venue vivre dans l’ombre de sa protégée. Ainsi, servi par des acteurs capables de combler les désirs de démesure d’un créateur inspiré, le film peut prendre son envol vers une liberté de ton à la fois classique et novatrice de par sa légèreté. Ozon n’insiste pas sur le symbolisme Biblique volontairement kitsch des lieux et des personnages (Paradise house, Angel, Theo) mais se pose en narrateur de l’ascension de son ange tel Icare venant se brûler les ailes en voulant voler trop haut. Chacun dans son entourage y laisse forcemment des plumes. François Ozon Angel 8 femmes

« Être né quelque part pour celui qui est né c’est toujours un hasard » chanterait Le Forestier mais derrière un feuillage soyeux et fourni, Ozon déclare ouverte la lutte des classes sans provoquer de cataclysme irréversible. Lorsque l’on n’est pas bien né, est-il possible de sortir du rang social alloué par la Providence ? Peut-on provoquer la chance aussi capricieusement qu’Angel en voulant voler de ses propres ailes ? Voilà les grandes questions d’un film sur les affres de la création (le second après Swimming Pool) et la vie rêvée des anges.

L’avis de Cécilia

Comme à son habitude, François Ozon, capable de réaliser 8 femmes ou swimming pool avec le même brio, change de style cinématographique comme de chemise. Cette personnalité caméléon - passer d’un genre à l’autre ne lui posant aucun problème - permet de le ranger dans la catégorie des réalisateurs exceptionnels, ceux qui sont bien au-dessus du lot du commun des simples mortels que nous sommes. Avec Angel, il s’attaque à une adaptation littéraire. Ce drame romantique - proche de la fresque historique et sociale - a été écrit par Élisabeth Taylor à la fin des années 1950. Ce challenge était ambitieux car le défi était de ne pas en sortir une romance bas de gamme.

Pari réussi !!!

Les personnages, dont l’insupportable Angel, sont construits avec leurs défauts, leurs qualités, leurs faiblesses et leurs contradictions même s’ils frôlent parfois la caricature basique. D’ailleurs, l’actrice qui campe le personnage principal - une petite peste persuadée que son génie créatif lui permet tout ou presque - force son jeu à tel point qu’on se croirait presque au théâtre.
Quand à la trame, l’histoire ou le scénario, aucune illusion n’est permise : cela reste du basique. Alors, quel est intérêt cinématographique de ce film, me demanderez-vous ? Et ce, à juste titre. Je vous répondrai : « La réalisation et les costumes, mes amis !!! ». La mise en image de François Ozon défie toute rationalité et définit les sentiments et les sensations réels des protagonistes à merveille. La création des costumes de Pascaline Chavanne - Angel est sa huitième collaboration avec le réalisateur français - est fine et extrêmement bien vue. Le choix des couleurs est particulièrement exquis et montre la folie pathologique de notre héroïne, complètement décalée avec l’air du temps, entre 1900 et 1928.

Fiche Technique

Genre : Drame

Nationalité : Française, Britannique et Belge

Réalisation : François Ozon

Casting : Romola Garai, Sam Neill, Charlotte Rampling, Lucy Russell et Michael Fassbender

Durée : 134 minutes

Année de production : 2006

Date de sortie : 14 mars 2007

Adapté du roman écrit par Élizabeth Taylor [1] en 1957

N° de visa : 95 782

Sélection officielle au 57e festival du film de Berlin

Notes

[1] la romancière, pas l’actrice

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