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Le scaphandre et le papillon de Julian Schnabel

mercredi 30 mai 2007, par Olivier Bruaux


Voir en ligne : Photos de Mathieu Amalric, Emmanuelle Seigner, Marina Hands

Prix de la mise en scène - Festival de Cannes 2007

D’après l’oeuvre originale de JEAN-DOMINIQUE BAUBY Le Scaphandre et le Papillon (Editions Robert Laffont, 1997)

Synopsis

Le scaphandre et le papillon « Etais-je aveugle et sourd ou bien fallait-il nécessairement la lumière d’un malheur pour éclairer un homme sous son vrai jour ? », se demande Jean-Dominique Bauby dans son livre, Le Scaphandre et le Papillon. Il s’adresse à nous autant qu’à lui-même. Faut-il subir un locked-in-syndrom pour éveiller la conscience d’un être humain, pour susciter l’empathie des autres ? Est-il nécessaire de tomber malade pour que les anges apparaissent et nous viennent en aide ?

Mon père est mort à l’âge de 92 ans. Il n’a pratiquement pas eu de problèmes de santé et a vécu heureux avec ma mère pendant plus de 60 ans. Beaucoup choisiraient sa vie sans hésiter, mais n’ayant pas connu la maladie, il n’était pas préparé. La mort le terrifiait. Il habitait chez ma femme et moi les derniers jours, mais j’ai échoué à le sauver de cette peur. La vie ne peut se résumer à la souffrance, au désordre sexuel et au néant. Il doit bien y avoir quelque chose.

Quand Jean-Dominique Bauby était un membre intelligent et fort de notre société, il n’était finalement rien d’autre qu’un individu conforme à l’exigence de réussite. Avec cette épreuve, le corps entièrement paralysé et sa renaissance en tant qu’oeil - Jean-Dominique Bauby communiquait exclusivement en clignant de la paupière gauche, ce qu’il appelait le point de vue du papillon - il a cherché sa nature profonde et exploré ses paradoxes, accomplissant ainsi un travail qui a eu un effet profond sur tous ceux qui l’ont lu. Il a écrit un livre et est devenu auteur.

Jean-Dominique Bauby a compris qu’il n’avait pas su aimer la femme qu’il aurait dû, profiter des joies qui lui étaient offertes. « Aujourd’hui, il me semble que toute mon existence n’aura été qu’un enchaînement de ces menus ratages. Une course dont on connaît le résultat mais où on est incapable de toucher le gagnant. » Regard introspectif sur la vie, possibilité d’une conscience.

C’est l’histoire de chacun d’entre nous, confrontés un jour à la maladie et à la mort. Mais il suffit de prêter attention pour trouver ici, sens et beauté à la vie. J’ai voulu que ce film soit un outil, comme son livre, une devise à appliquer pour s’aider soi-même, pour prendre en main sa propre mort. Voilà ce que j’espère, voilà ce que j’ai fait.

Julian Schnabel

Zoom express

Un film fort loin du misérabilisme que l’on pourrait faire surgir d’une histoire si triste. La mise en scène est drôle, capte les sensations du point de vue du malade en évitant les gros plans pathétique sur le handicape du "scaphandrier".

Mathieu Amalric est encore formidable, tant dans la voix off que dans ce corps inerte clignant seulement des yeux. Ses partenaires sont sobres, sensibles et évitent les regards de chien battu dès leur entrée en scène.

Le scaphandre et la Papillon est une véritable invitation au voyage pour capter le beau de l’air, à sortir de sa chrysalide pour goûter et parler au monde entier, peu importe l’état physique dans lequel on se trouve.

L’avis de Thibault

Thibault Lebert

A la suite d’un accident cardio-vasculaire cérébrale en 1995, Jean-Dominique Bauby, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire Elle, se retrouve totalement paralysé. Il est conscient, il voit tout, entend tout, mais ne peut plus prononcer un seul mot. Il a ce que l’on appelle un "Locked-in syndrome", c’est un état neurologique extrêmement rare que l’on pourrait traduire par : "bloqué à l’intérieur" car son seul et unique moyen de communiquer est son battement de paupière. Un coup pour oui, deux coups pour non. C’est de cette façon qu’il parviendra, avec l’aide d’une personne, à dicter un livre.

Le film commence en « caméra subjective » avec la voix off de Jean-Dominique Bauby. Le parti pris de filmer principalement le point de vue de Jean Do est une prouesse car il était très facile de tomber dans la mièvrerie. Mais il n’en est rien. Nous assistons aussi impuissants que son auteur à son parcours brisé sur lequel il faut composé avec une émotion qui vous étreint, sans pour autant vous broyer. Ensuite le procédé est abandonné pour montrer Mathieu Almaric dans son fauteuil et faire des flash-backs.

L’adaptation du best seller de Jean Dominique Bauby était un pari cinématographiquement risqué et le résultat est au rendez-vous. Julian Schnabel est peintre, et cela se voit à l’écran par la manière dont les tableaux filmiques sont composés ; les couleurs s’unissent et se défont au gré des sentiments ; les acteurs sont filmés avec la douceur de l’artiste envers ses modèles.

Et puis il y a cette voix, nette, juste, sincère, déchirante, celle d’un homme étouffé par son propre corps et faisant le bilan un peu tardif d’une vie qu’il aurait mieux fait de contrôler avant l’irréparable ; cette vie qui lui échappe ne tient plus maintenant que par l’écriture de ce livre, ces confessions d’outre-corps le retenant tant bien que mal au dessus du gouffre du désespoir et lui permettant de se souvenir qu’il est avant tout, tel que le dit le personnage de Niels Arestrup, humain.

La distribution est excellente : Marina Hands, Emmanuelle Seigner, Maw Von Sydow, Jean-Pierre Cassel et Niels Arestrup. Mention évidemment spéciale pour Mathieu Almaric qui a su se fondre dans ce personnage à la fois cynique, drôle, émouvant, et finalement profondément humain.
Marie-Josée Croze et Anne Consigny sont magnifiques dans leurs rôles, à la fois discrètes et volontaires, émues et fortes, belles et anti-stars. Les scènes où elles parviennent à dialoguer avec le malade sont d’une grande intensité, comme hypnotiques. L’on comprend en même temps qu’elles ce que veulent dire les clignements d’oeil, on souffre, on éclate de rire, on respire comme lui, comme elles, c’est un supplice, c’est un délice.

L’émotion, la compassion, le désarroi.. autant de sentiments que le film arrive à nous transmettre sans jamais perdre de vue une certaine forme d’optimisme. C’est une oeuvre qui provoque la réflexion, qui nous renvoie à nos angoisses de la vie, au fait que celle-ci peut être impitoyable. Bien souvent les larmes montent mais on relativise face à cette digne leçon de courage et de talent de la part d’un homme hors du commun.

Julian Schnabel propose, grâce à un travail de virtuose, un film plein de courage et même d’espoir.

LISTE ARTISTIQUE

Jean-Dominique Bauby : Mathieu Amalric

Céline Desmoulin : Emmanuelle Seigner

Henriette Durand : Marie-Josée Croze

Claude : Anne Consigny

Docteur Lepage : Patrick Chesnais

Roussin : Niels Arestrup

Marie Lopez : Olatz Lopez Garmendia

Le père Lucien : Jean-Pierre Cassel

Joséphine : Marina Hands

Papinou : Max Von Sydow

Laurent : Isaach de Bankolé

L’impératrice Eugénie : Emma de Caunes

Docteur Mercier : Jean-Philippe Ecoffey

Docteur Cocheton : Gérard Watkins

Nijinski Nicolas : Le Riche

L’infirmier : François Delaive

Betty : Anne Alvaro

Mme Bauby : Françoise Lebrun

Joubert : Zinedine Soualem

Ines : Agathe de la Fontaine

Paul : Franck Victor

Diane : Laure de Clermont

Théophile : Théo Sampaio

Céleste : Fiorella Campanella

Fiche technique

Sortie France : 23 MAI 2007

Réalisation : Julian Schnabel

Scénario : Ronald Harwood

Produit par Kathleen Kennedy et Jon Kilik

Producteur associé : Léonard Glowinski

Directeur de la photographie : Janusz Kaminski

Montage : Juliette Welfing

Décors : Michel Eric - Laurent Ott

Création titres et crédits générique : Julian Schnabel

Costumes : Olivier Beriot

Son : Jean-Paul Mugel, Francis Wargnier, Dominique Gaborieau

Musique originale : Paul Cantelon

Site web officiel : http://www.lescaphandre-lefilm.com/

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