jeudi 20 juillet 2006, par Olivier Bruaux
En 2006, la France perd L’as des as du rire populaire. Jamais égalé, Gérard Oury se fait La Carapate en laissant
des dizaines de millions de fidèles spectateurs orphelins de son regard ascéré et humouristique sur la
France. Il quitte son fauteuil d’immortel à l’Académie des Beaux-Arts pour occupper maintenant celui de ciné-prince du rire au Paradis du septieme art.
Nul doute qu’il retrouvera dans son bistrot préféré, les De Funès, Yves Montant et Bourvil pour arroser de Folie des grandeurs une
grande vadrouille éternelle, en dedeuche bleue décapotable.
Les anges applaudiront des
ailes en écoutant sa version au poil dans les moindres détails des Aventures de Rabbi Jacob et du Corniaud et
ils riront aux éclats bien plus que devant les idioties des Bronzés 3.
En consacrant La grande Vadrouille au rang de film mythique, les 17 millions de spectateurs français s’étaient réunis pour dénoncer le Nazisme, l’occupation et l’intolérance. Ils renouvelleront dix ans plus tard leurs hourras en faisant la farandole avec Rabbi Jacob, film, s’il en est, qui dénonce avec virulance l’anti-sémitisme et l’intolérance. "j’ai essayé de traiter de choses sérieuses en faisant rire les gens" dira-t-il.
Issu d’une famille juive, Gérard Oury (de son vrai nom, Max-Gérard Tannenbaum) n’aura eu de cesse de proposer des histoires foisonnant de messages pacificateurs et rassembleurs.
Sa carrière aurait pu être celle d’un acteur à succès, débutant à la comédie française dans Britannicus, confirmant dans Antoine et Antoinette de Jacques Becker (1946), excellant aux côtés de Michèle Morgan dans Le Miroir à deux faces après un bref détours infructueux vers Hollywood. Ils s’embarquent tous deux d’ailleurs dans une aventure amoureuse de plus de 50 ans.
Le destin le conduira vers d’autres cieux et derrière la caméra, devenant un virtuose de la rythmique comique aux côtés de deux corniauds maestro, Louis de Funès et André Bourvil. Se renouvellant sans cesse, il portera l’estocade aux films d’espionnage avec Le Coup du Parapluie et Pierre Richard et reviendra boxer le nazisme avec Jean-Paul Belmondo dans L’as des as. Dans une carriere parsemée d’étoiles et de succès, aucune tache ni échec cuisant, malgré une reprise peu inspirée de Le Schpountz, où Smaïn peine à égaler le chef d’oeuvre de Marcel Pagnol avec Fernandel.
Il nous reste ses films inoubliables et indémodables et le talent renouvelé de sa fille douée, Daniel Thompson, scénariste et réalisatrice. Le passage de flambeau est assuré.
La main chaude (1959), avec Jacques Charrier et Macha Méril
La menace (1960), avec Robert Hossein et Marie-Josée Nat
Le crime ne paie pas (1961), avec Michèle Morgan, Philippe Noiret, Annie Girardot et Edwige Feuillère
Le corniaud (1964), avec Bourvil et Louis de Funès
La grande vadrouille (1966), avec Bourvil et Louis de Funès
Le cerveau (1968), avec Bourvil, Jean-Paul Belmondo et David Niven
La folie des grandeurs (1971), avec Louis de Funès, Yves Montand et Alice Sapritch
Les aventures de Rabbi Jacob (1973), avec Louis de Funès et Suzy Delair
La carapate (1978), avec Pierre Richard et Victor Lanoux
Le coup du parapluie (1980), avec Pierre Richard
L’As des As (1982), avec Jean-Paul Belmondo et Marie-France Pisier
La vengeance du serpent à plumes (1984), avec Coluche et Maruschka Detmers
Lévy et Goliath (1986), avec Richard Anconina et Michel Boujenah
Vanille fraise (1989), avec Pierre Arditi, Sabine Azéma et Isaach de Bankolé
La soif de l’or (1993), avec Christian Clavier et Tsilla Chelton
Fantôme avec chauffeur (1996), avec Philippe Noiret et Gérard Jugnot
Le Schpountz (1999), remake du film de Marcel Pagnol (1938), avec Smaïn et Sabine Azéma.
Un homme et une femme, 20 ans déjà (1986)
À couteaux tirés (1984)
The Prize (1963)
la Menace (1960)
The Journey (1959)
Le Miroir à deux faces (1958)
Dos au mur (1958)
Les Marines (1957)
Méfiez-vous fillettes (1957)
La Vedova elettrica (1957)
House of Secrets (1956)
Le Meilleure part (1956)
La Donna del fiume (1955)
Les Héros sont fatigués (1955)
L’Amante di Paride (1954)
L’Eterna femmina (1954)
Father Brown (Détective du bon Dieu ) (1954)
The Heart of the Matter (1953)
They Who Dare (1953)
The Sword and the Rose (1953)
Sea Devils (1953)
Le Costaud des batignolles (1952)
Le Passe-muraille (1951)
La Nuit est mon royaume (1951)
Sans laisser d’adresse (1951)
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