mercredi 11 février 2009, par Olivier Bruaux, Thibault Lebert
Voir en ligne : www.ilovecinema.tv La nouvelle télé du 7e art
de François Ozon
Comédie dramatique, tous publics
Durée : 1h30
Date de sortie : 11/02/2009
Quand Katie, une femme ordinaire, rencontre Paco, un homme ordinaire, quelque chose de magique et de miraculeux se produit : une histoire d’amour. De cette union naîtra un bébé extraordinaire : Ricky.
Librement adapté de Moth de Rose Tremain (éditions Plon), avec la collaboration de Emmanuèle Bernheim, Ricky est un film à part de François Ozon. Il est brut et mystico-fantastique bien que le côté mystique de l’oeuvre soit une habitude chez le réalisateur. Comme souvent, ici la progéniture est le centre d’intérêt de part sa particularité physique.
Les acteurs sont bons, avec une belle première prestation hors des sentiers de la comédie pour Alexandra Lamy.
Soyons lucides, Ricky est un petit François Ozon, simple et concis sans grande prétention. Il n’est pas sûr que le public se laisse prendre par ce nouveau genre mais ses plus fidèles cinéphiles ne manqueront pas de déployer leurs ailes vers le cinéma le plus proche.
François Ozon est un réalisateur touche-à-tout, abordant tous les genres, toujours avec talent. Il revient en grande forme avec ce récit jubilatoire qui lui permet de retrouver l’univers fantastique de Sitcom. Est ce un film fantastique ? Une fable sociale ? Un drame humaniste à visée poétique ? Un thriller métaphysique ? Ce film est sans doute un conte en apparence mais le fond du sujet est bien plus fort que cela ...
La caméra d’Ozon vise juste dans la mise en scène naturaliste de ce quotidien difficile, montrant dès le début l’irresponsabilité parentale et la construction d’un couple. Les problèmes de la différence, de son acceptation, de la culpabilité engendrée sont bien amenés et traités avec beaucoup d’originalité et de subtilité.
Le traitement ultra-réaliste et populaire du film est excellent et change tellement des grands et beaux sentiments. Le quotidien banal et très ordinaire de l’ouvrière nous fait penser à Ken Loach. L’exposition sociale du film est très réussie. On découvre Cathy, sa fille, son HLM, la triste usine où elle travaille, et l’homme qui va entrer dans sa vie. De leur union va naître un petit ange, qui va bouleverser la vie des trois personnages. Commencé comme un drame social à la Dardenne, le film dévie vers l’étrange.
L’intérêt est bien évidemment dans la chronique de cette famille recomposée et surtout dans le regard de la petite fille. Le film est une métaphore de la perte d’un enfant, du deuil et des bouleversements au sein de la famille qui en découlent. Les ailes de Ricky subviennent à la mort de cet enfant comme si la famille voyait en cet enfant disparu un ange auquel il fallait absolument se raccrocher. En même temps, la perte fait exploser la famille avec ce père à qui l’on reproche et qui part, cette petite fille qui voit sa place grignotée par le bébé mais dévorée quand il disparaît et la mère qui dans un premier temps toucher le fond, culpabiliser et qui en exprimant ses regrets à l’enfant disparu, va rebondir, tourner cette page et entamer la reconstruction de la famille.
Un rôle en or pour Alexandra Lamy, d’une profondeur et humanité surprenantes : celui d’une mère de famille prudente, amoureuse, fragile et maternelle. Trouvant enfin un rôle à la mesure de son talent, elle porte le film sur ses épaules et réussit à faire oublier ses mauvaises comédies. Donnant une vraie densité à cette femme abîmée, elle montre avec Ricky une autre facette de son talent et nous fait oublier la série télévisée Un gars, une fille. La jeune Mélusine Mayance provoque l’empathie avec son personnage de petite fille perdue. Ses yeux mélancoliques expriment toute la détresse d’une enfant sans père. Elle est aussi très convaincante. Arthur Peyret, l’interprète de Ricky, est tout aussi inspiré, mélange d’un bébé adorable et de petit monstre inquiétant.
Ricky a le mérite d’être intriguant. François Ozon réussit à nous introduire dans la psyché d’une mère pleine d’amour, de doutes et de joie. Entre un Ken Loach, un film des frères Dardenne et Mary Poppins, cette comédie fantastique assez osée prend son envol de façon prometteuse. Quand l’ordinaire rencontre l’extraordinaire.
Réalisateur : FRANCOIS OZON
Casting : ALEXANDRA LAMY , MELUSINE MAYANCE , SERGI LOPEZ , ARTHUR PEYRET , ANDRE WILMS , JEAN-CLAUDE BOLLE-REDDAT , JULIEN HAURANT , HAKIM ROMATIF , ERIC FORTERRE , JOHN ARNOLD , MARYLINE EVEN
Scénariste : FRANCOIS OZON
Ecrivain : ROSE TREMAIN
Directeur de la photo : JEANNE LAPOIRIE
Compositeur de la musique originale du film : PHILIPPE ROMBI
Site web officiel : ici
Producteur EUROWIDE FILM PROD
Distributeur : LE PACTE
Pays : France
Année de production : 2008
Visa : 119931
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