dimanche 6 janvier 2008, par Olivier Bruaux, Thibault Lebert
Voir en ligne : Photos de Valeria Bruni-Tedeschi, Valeria Golino/pictures
Sélection Officielle - Un Certain Regard au Festival de Cannes 2007.
De Valeria Bruni-Tedeschi
avec Valeria Bruni-Tedeschi, Noemie Lvovsky , Mathieu Amalric , Valeria Golino...
Durée : 1h47 - Comédie dramatique, tous publics
Date de sortie : 26/12/2007
Comédienne hantée par son rôle de Nathalia Petrovna, l’héroïne de la pièce de Tourguéniev Un Mois à la campagne qu’elle répète difficilement, Marcelline tente de noyer ses angoisses dans une piscine sur un air de Glenn Miller. Mais rien n’y fait. Rien n’empêche le temps de courir et de lui imposer ses quarante ans et toujours pas d’enfant. Perpétuellement étonnée par le monde qu’elle regarde comme si elle n’en trouvait pas la clé, Marcelline cherche pourtant, sans relâche, à communiquer avec tous ceux qui l’entourent.
Mais qu’est-ce qui pourra réellement aider Marcelline à comprendre ce qu’elle fait sur terre ? La Sainte-Vierge avec laquelle elle négocie, le fantôme magnifique de son père assis sur un joli canapé, le regard toqué de sa mère qui aime se promener en barque ou tout simplement un baiser reçu un soir du plus jeune des jeunes premiers ?...
Après Il est plus facile pour un chameau..., Valéria Bruni-Tedeschi revient derrière la caméra, pour un deuxième film où elle semble exorciser ses craintes et ses traumas. Elle nous transporte dans son interprétation de Tourgueniev, plus dans l’auto dérision que dans le romantisme slave de l’auteur. Elle utilise la comédie comme remède à ses histoires personnelles.
Le film est une réflexion intéressante sur l’interaction réel-imaginaire au niveau du vécu des acteurs de théâtre. Il traite aussi avec brio du désir de donner naissance à un autre que soi, que ce soit dans l’acte procréateur ou dans ce travestissement de soi qu’est le théâtre. Il interroge le paradoxe du comédien, tiraillé entre sa sensibilité et la nécessité de la dépasser, pour entrer dans la peau du personnage.
Son personnage d’actrice paumée dans la vie, paumée à la scène, lui donne une nouvelle occasion de jouer la déprimée hésitante et inhibée. Il est évident que le personnage qu’elle joue n’est pas très loin d’elle. Convaincante en quadragénaire dépressive, l’actrice réalisatrice n’est pas toujours très facile à comprendre. Sa sincérité et son désir de bien faire sont évidents. Les performances de Matthieu Amalric et de Louis Garrel crèvent l’écran dans de petits rôles.
On appréciera les séquences avec réapparition de chers disparus (Maurice Garrel et Robinson Stévenin) qui verse dans la mélancolie et le charme onirique.
Valéria Bruni-Tedeschi possède une imagination sans limites et une sensibilité très affirmée.
Bienvenue dans le monde complexe d’une actrice, de plusieurs actrices. Leur vie et fantasmes, leur relation à la réalité et à la scène. C’est sur l’élément central, le canapé, que nous invite la réalisatrice Valeria Bruni-Tedeschi dans son second film. Entre psychanalyse et exorcisme scénique de ses vieux démons, Marcelline nous entraîne dans un monde étrange et si attirant à la fois.
S’interrogeant sur les névroses des protagonistes menant au processus de création et au succès, la cinéaste nous séduit, nous brouille et nous explique en images. Qu’est-ce qui fait une actrice à succès et une actrice manquée ? Quelles différences minimes se sont révélées avantageuses dans cette course à l’issue de laquelle si peu d’élus goûtent au bonheur de la scène ? Quels déclics ouvrent les portes de la perfection ? C’est à toutes ces questions que Valeria Bruni-Tedeschi tente de répondre, sans pour autant trouver une issue à toutes ses névroses scénarisées et poussées à l’extrême. Son approche de la réalité, du corps et du caractère éthéré des personnages littéraires interprétés, sont autant de nouvelles énigmes que chaque acteur pourra saisir et résoudre.
Actrices n’en oublie pas pour autant ses acteurs avec de jolis instantanés de la vie de comédien et de metteur en scène. Amalric et Louis Garel sont impécables, l’un en metteur en scène déterminé et intransigeant, le second en jeune premier découvrant les limites des sentiments joués, uniquement valables sur scènes. La solitude qui parfois gagne chaque branche du métier est mise en abîme de manière très onirique et pourtant très réaliste.
Actrices est une film agréable, drôle, cinglé qui ne manque pas de parler de toutes ces femmes émancipées engagées sur le chemin de la création malgré toutes les barrières émotionnelles et les menottes psychologiques et culturelles les emprisonnant encore quelque peu dans ce monde d’hommes ambitieux et envahissants.
Valeria Bruni-Tedeschi est la soeur de Carla Bruni. Sa mère, qui joue dans le film, est bien celle qui a accompagné le Président Sarkosy au Vatican en décembre 2007. Elle avait quitté l’Italie lorsque ses filles étaient petites.
Réalisatrice : VALERIA BRUNI-TEDESCHI
Casting : VALERIA BRUNI-TEDESCHI, NOEMIE LVOVSKY, MATHIEU AMALRIC, LOUIS GARREL, VALERIA GOLINO, MARISA BORINI, MAURICE GARREL, SIMONA MARCHINI, BERNARD NISSILE, GILLES COHEN, OLIVIER RABOURDIN, LAETITIA SPIGARELLI , MARIE RIVIERE, FRANK DEMULES, SOUZ CHIRAZI, YANNE BARRY, ARTHUR IGUAL, ERIC ELMOSNINO, ROBINSON STEVENIN, LAURENT GREVILL, BRIAN MAC CORMACK, PASCAL BONGARD
Scénaristes : VALERIA BRUNI-TEDESCHI, AGNES DE SACY, NOEMIE LVOVSKY Directeur de la photo : JEANNE LAPOIRIE
Producteur : FIDELITE
Distributeur : MARS DISTRIBUTION
Pays : France
Année de production : 2006
Visa : 109445
Distribué par : MARS DISTRIBUTION
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