lundi 12 janvier 2009, par Olivier Bruaux, Thibault Lebert
Voir en ligne : www.ilovecinema.tv La nouvelle télé du 7e art
Le réalisateur français Claude Berri est décédé le lundi 12 janvier à l’âge de 74 ans.
Le réalisateur et producteur Claude Berri est mort aujourd’hui à l’âge de 74 ans des suites d’un accident vasculaire cérébral. Il avait été admis ce week-end en réanimation dans le service de neuro-chirurgie de l’hôpital de la Salpetrière, à Paris.
Issu d’une famille juive ashkénaze, Claude Langmann est né en 1934. Il se destine à une carrière de fourreur, le métier de son père. Mais l’adolescent, qui se découvre une passion pour le théâtre, se tourne vers le monde du spectacle. Elève au Cours Simon, il fait sa première apparition à l’écran dans Rue de l’Estrapade de Jacques Becker en 1953. Mais Claude Langmann -devenu Berri- tarde à devenir une vedette, et décide au début des années 60 de produire une pièce de théâtre de François Billetdoux, Le Comportement des époux Bradbury, qui se révèle un échec cuisant.
Après avoir travaillé avec Maurice Pialat -son futur beau-frère- sur le film Janine, Claude Berri réalise en 1962, à partir d’une histoire lue dans un journal, Le Poulet, court-métrage qui décroche un Oscar et un prix à Venise. Il devra toutefois attendre cinq ans pour tourner son premier long, Le vieil homme et l’enfant avec Michel Simon et le jeune Alain Cohen. Succès public, ce film inaugure une série d’oeuvres autobiographiques, le plus souvent interprétées par le réalisateur, qui relate avec tendresse et humour différents épisodes de sa vie : son adolescence avec La Première fois en 1976, ses relations avec son père dans Le Cinéma de papa en 1970, son service militaire avec Le Pistonné en 1969 ou encore sa découverte de la libération sexuelle avec Sex-shop en 1972. Désemparé après sa rupture avec Anne-Marie Rassam, sa première épouse, il livre avec Je vous aime en 1980, un film sur la réflexion de la vie conjugale.
C’est en finançant ses propres films que Claude Berri se lance dans l’activité de producteur avec sa société Renn, que Pathé prendra plus tard dans son giron. A partir de la fin des années 60, il finance de nombreux longs-métrages, en prenant soin d’alterner comédies populaires -il produit la plupart des films de Claude Zidi-, cinéma d’auteur (L’homme blessé, Trois places pour le 26) et projets hors-normes : Tess de Roman Polanski en 1979, Valmont de Milos Forman en 1989, L’ours et L’amant de Jean-Jacques Annaud et La Reine Margot de Patrice Chéreau en 1994.
En tant que cinéaste, il filme Coluche dans un rôle à contre emploi et Richard Anconina dans Tchao Pantin. Puis, il puise dans le patrimoine littéraire et historique français et signe plusieurs oeuvres à gros budget qui font la part belle aux comédiens. En 1986, il filme le diptyque Jean de Florette-Manon des Sources qui réunissait Yves Montand, Gérard Depardieu, Daniel Auteuil et Emmanuelle Béart. Il retrouve Gérard Depardieu dans Uranus et Germinal. Il y campe Maheu aux cotés de Renaud, Miou Miou et Jean Carmet. Dans Lucie Aubrac, il offre à Carole Bouquet le rôle de la résistante aux côtés de Daniel Auteuil. Juliette Binoche s’étant désistée.
A la fin des années 90, Claude Berri continue d’occuper une place centrale dans le paysage cinématographique : producteur des champions du box-office Astérix et Obélix contre César et Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, il investit aussi dans des premiers films (Ma femme est une actrice d’Yvan Attal, Didier d’Alain Chabat, Les trois frères de Didier Bourdon, Le bison et sa voisine Dorine d’Isabelle Nanty) et des oeuvres saluées par la critique (Les sentiments de Noémie Lvovsky, Amen de Constantin Costa-Gavras).
Très affecté par le suicide de son ex-femme Anne-Marie puis de l’accident de son fils Julien Rassam tombé d’une fenêtre, Claude Berri revient, comme réalisateur, à un cinéma plus personnel. Il se met à nu dans La Débandade qui est boudé par le public. Il poursuit son exploration du couple, de la rencontre à la rupture, avec Une femme de ménage, adapté du roman de Christian Oster.
Dans Autoportrait, sa biographie publiée en 2003 chez son ami Léo Scheer, il essayait de traduire les humeurs d’un certain Claude Berri Langmann, son vrai nom qu’il regrettait de ne pas avoir gardé. Il s’était mis à nu et il révélait avec humour et sincérité les aspects les plus secrets de sa vie privée. Le bilan d’un homme qui évoque aussi bien ses dépressions que son diabète et aussi sa passion pour l’art, dont il fut un collectionneur éclairé, capable de se ruiner pour un Dubuffet ou un Ryman.
En 2005, il évoque dans L’un reste, l’autre part, le suicide de son fils Julien, sa dépression et sa rencontre avec Nathalie Rheims, son âme sœur et sa compagne avec laquelle il passera les dernières années de sa vie. Ce film mêle la comédie au drame et réunit Daniel Auteuil, Pierre Arditi, Nathalie Baye et Charlotte Gainsbourg.
Tournée en collaboration avec François Dupeyron, il livre avec Ensemble, c’est tout, une émouvante et fidèle adaptation du best-seller d’Anna Gavalda, avec Guillaume Canet et Audrey Tautou. En 2007, Claude Berri produit Bienvenue chez les Ch’tis de Dany Boon, le plus grand succès de l’histoire du cinéma français. Plus récemment, Claude Berri travaillait sur L’Ombre des autres, un film fantastique où Mylène Farmer incarne une chercheuse en médecine du 19e siècle.
Il venait de débuter le tournage de Trésor avec Alain Chabat, Mathilde Seigner, Hélène Vincent, Isabelle Nanty, Fanny Ardant et Stéphane Freiss. C’est François Dupeyron, réalisateur de La chambre des officiers qui aura pour but de terminer le film.
En 2003, cet amateur d’art contemporain et de photographie est élu président de la Cinémathèque.
L’hommage de la Cinémathèque française à Claude Berri
Réactions au décès du producteur et réalisateur Claude Berri
"C’est pas seulement un metteur en scène qu’on a perdu, c’est un chapitre très important du cinéma français et mondial" Alain Delon, itélé
Gilles Jacob, président du Festival de Cannes : "le cinéma français est orphelin, il perd son plus grand producteur et un metteur en scène de talent. Claude me raccrochait au nez quand il avait fini sa conversation : de lui que j’aimais je l’acceptais volontiers. Le festival de Cannes salue sa mémoire et ne l’oubliera pas".
Véronique Cayla, directrice générale du CNC : "Grâce à ses intuitions fulgurantes et à sa sensibilité exacerbée, Claude Berri a su débusquer de nombreux succès populaires, dont tout récemment +Bienvenue chez les ch’tis+, mais aussi des films artistiquement plus risqués tel que La graine et le mulet. Claude Berri "incarnait à merveille l’ambition que nous prêtons, en France et en Europe, au 7ème art, un cinéma résolument ancré dans la pluralité, un cinéma réconcilié avec tous ses genres et toutes ses formes".
"Acteur, scénariste, réalisateur, cette figure majeure du 7e Art a également été le producteur de quelques uns des plus grands films du cinéma français et européen, explorant tous les genres...Tournée à Lyon en 1996, son adaptation à l’écran de la vie de Lucie Aubrac (1912-2007) est une leçon de mémoire sur un des épisodes les plus marquants de l’histoire de la Résistance dans notre ville" Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon.
Le président Nicolas Sarkozy a rendu hommage lundi au réalisateur et producteur Claude Berri, décédé dans la matinée d’un accident vasculaire cérébral à l’âge de 74 ans, saluant "la figure la plus légendaire du cinéma français".
"Claude Berri, c’était l’acteur, le scénariste mais surtout l’un des réalisateurs et producteurs les plus doués de sa génération. C’était le grand ambassadeur du 7ème art français à travers le monde. Tous ceux qui l’ont connu ou approché sont en deuil", a déclaré le chef de l’Etat, dans un communiqué rendu public par l’Elysée.
"Il savait oeuvrer dans tous les registres et nous faire rire ou pleurer, mais surtout il amenait son public à réfléchir et à s’interroger, il éduquait le spectateur. Plus encore, il a mis en valeur tous les plus grands acteurs du cinéma français et révélé leur personnalité", a-t-il ajouté.
"Cet homme de caractère laissera durablement son empreinte artistique. Pour beaucoup, il restera un modèle", a conclu Nicolas Sarkozy.
Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication : "avec Claude Berri disparaît une des plus grande figures du cinéma français de ces quarante dernières années, qu’il aura profondément marquées de ses multiples talents de réalisateur, de scénariste, d’acteur et de producteur (...), métier qu’il exerça avec une passion infinie, sans préjugé, animé par le goût du risque, manifestant son ouverture pour toutes les formes de cinéma, de la grande comédie populaire au film d’auteur, de Zidi à Forman en passant par Annaud, Chéreau, Demy ou Polanski".
En tant qu’acteur
Le Fantôme d’Henri Langlois (2005), de Jacques Richard (II)
Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants (2004), de Yvan Attal
Les Clefs de bagnole (2003), de Laurent Baffie
Va savoir + (2002), de Jacques Rivette
Astérix et Obélix : mission Cléopâtre (2002), de Alain Chabat
Les Rois mages (2001), de Didier Bourdon
Va savoir (2001), de Jacques Rivette
Dernières nouvelles des étoiles (2000), de Babeth Si Ramdane
La Débandade (1999), de Claude Berri
Un Grand cri d’amour (1998), de Josiane Balasko
Les Trois frères (1995), de Bernard Campan
L’Univers de Jacques Demy (1995), de Agnès Varda
La Machine (1994), de François Dupeyron
Stan the Flasher (1990), de Serge Gainsbourg
L’Homme blessé (1983), de Patrice Chéreau
Le Roi des cons (1981), de Claude Confortès
Le Mâle du siècle (1974), de Claude Berri
Le Cinéma de papa (1971), de Claude Berri
Sex-shop (1971), de Claude Berri
Mazel Tov ou le mariage (1969), de Claude Berri
La Ligne de démarcation (1966), de Claude Chabrol
Compartiment tueurs (1965), de Costa-Gavras
Et vint le jour de la vengeance (1964), de Fred Zinnemann
Les Sept Péchés capitaux (1962), de Claude Chabrol
Janine (1962), de Maurice Pialat
La Bride sur le cou (1961), de Roger Vadim
La Vérité (1960), de Henri-Georges Clouzot
Les Bonnes femmes (1960), de Claude Chabrol
J’irai cracher sur vos tombes (1959), de Michel Gast
Les Jeux dangereux (1958), de Pierre Chenal
French Cancan (1955), de Jean Renoir
Le Bon Dieu sans confession (1953), de Claude Autant-Lara
Le Blé en herbe (1953), de Claude Autant-Lara
Rue de l’Estrapade (1952), de Jacques Becker
Trésor (Prochainement)
Ensemble, c’est tout (2007)
L’Un reste, l’autre part (2005)
Une femme de ménage (2002)
La Débandade (1999)
Lucie Aubrac (1997)
Germinal (1993)
Uranus (1990)
Manon des Sources (1986)
Jean de Florette (1986)
Tchao pantin (1983)
Le Maitre d’école (1981)
Je vous aime (1980)
Un moment d’égarement (1977)
La Première fois (1976)
Le Mâle du siècle (1974)
Le Cinéma de papa (1971)
Sex-shop (1971)
Le Pistonné (1970)
Mazel Tov ou le mariage (1969)
Le Vieil homme et l’enfant (1966)
La Chance et l’amour (1964)
Les Baisers (1963)
Le Poulet (1963)
Trésor (Prochainement), de Claude Berri
Bienvenue chez les Ch’tis (2008), de Dany Boon
Le Scaphandre et le papillon (2007), de Julian Schnabel
Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants (2004), de Yvan Attal
San Antonio (2004), de Frédéric Auburtin
Les Sentiments (2003), de Noémie Lvovsky
Le Bison (et sa voisine Dorine) (2003), de Isabelle Nanty
Une femme de ménage (2002), de Claude Berri
Amen (2002), de Costa-Gavras
Astérix et Obélix : mission Cléopâtre (2002), de Alain Chabat
Les Rois mages (2001), de Didier Bourdon
Ma femme est une actrice (2001), de Yvan Attal
La Boîte (2001), de Claude Zidi
Mauvaise passe (1999), de Michel Blanc
Astérix et Obélix contre César (1999), de Claude Zidi
Le Pari (1997), de Didier Bourdon
Arlette (1997), de Claude Zidi
Lucie Aubrac (1997), de Claude Berri
Didier (1997), de Alain Chabat
Le Roi des Aulnes (1996), de Volker Schlöndorff
Les Trois frères (1995), de Bernard Campan
La Reine Margot (1994), de Patrice Chéreau
La Séparation (1994), de Christian Vincent
Germinal (1993), de Claude Berri
Une Journée chez ma mère (1993), de Dominique Cheminal
L’Amant (1992), de Jean-Jacques Annaud
Uranus (1990), de Claude Berri
Valmont (1989), de Milos Forman
Trois places pour le 26 (1988), de Jacques Demy
L’Ours (1988), de Jean-Jacques Annaud
A gauche en sortant de l’ascenseur (1988), de Edouard Molinaro
La Petite Voleuse (1988), de Claude Miller
Hôtel de France (1987), de Patrice Chéreau
Le Fou de guerre (1985), de Dino Risi
Les Enragés (1984), de Pierre-William Glenn
Tchao pantin (1983), de Claude Berri
L’Africain (1983), de Philippe de Broca
La Femme de mon pote (1983), de Bertrand Blier
Banzaï (1983), de Claude Zidi
Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (1982), de Jean Yanne
Je vous aime (1980), de Claude Berri
Inspecteur la bavure (1980), de Claude Zidi
Tess (1979), de Roman Polanski
Un moment d’égarement (1977), de Claude Berri
La Première fois (1976), de Claude Berri
Le Mâle du siècle (1974), de Claude Berri
Pleure pas la bouche pleine (1973), de Pascal Thomas
Le Cinéma de papa (1971), de Claude Berri
L’Enfance nue (1970), de Maurice Pialat
Le Pistonné (1970), de Claude Berri
Mazel Tov ou le mariage (1969), de Claude Berri
En tant que producteur délégué
La Graine et le mulet (2007), de Abdellatif Kechiche
La Maison du bonheur (2006), de Dany Boon
L’Un reste, l’autre part (2005), de Claude Berri
L’Homme blessé (1983), de Patrice Chéreau
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