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La graine et le mulet d’Abdellatif Kechiche

mercredi 12 décembre 2007, par Olivier Bruaux


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Prix Louis delluc

Prix spécial du public, Prix de la meilleure jeune actrice et Prix de la critique internationale à la 64e Mostra de Venise

synopsis

affiche la graine et le muletSète, le port.
du port dans un emploi devenu pénible au fil des années. Père de famille divorcé, s’attachant à rester proche des siens, malgré une histoire familiale de ruptures et de tensions que l’on sent prêtes à se raviver, et que les difficultés financières ne font qu’exacerber, il traverse une période délicate de sa vie où tout semble contribuer à lui faire éprouver un sentiment d’inutilité. Une impression d’échec qui lui pèse depuis quelque temps, et dont il ne songe qu’à sortir en créant sa propre affaire : un restaurant. Seulement, rien n’est moins sûr, car son salaire insuffisant et irrégulier, est loin de lui offrir les moyens de son ambition. Ce qui ne l’empêche pas d’en rêver, d’en parler, en famille notamment. Une famille qui va peu à peu se souder autour d’un projet, devenu pour tous le symbole d’une quête de vie meilleure. Grâce à leur sens de la débrouille, et aux efforts déployés, leur rêve va bientôt voir le jour…Ou, presque…

Le zoom express d’Oli

Olivier bruaux redacteur en chef www.cinephoto.fr www.ilovecinema.fr

La graine et le mulet est un excellent film sur la communauté tunisienne de Sète et montre avec beaucoup de tendresse un monde en devenir, un monde où le mulet transporte sa graine, la fait grandir et se fait à long terme supplanter. Telle est la loi décrite par le réalisateur, celle de la nature, de la filiation, celle de l’intégration malgré certains défauts de culture et l’ingratitude inconsciente.

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Hafsia Herzi, février 2008

C’est cette métaphore de l’intégration teintée d’épicurisme, de fierté et mue par le don de soi à la famille qui porte cette douce évocation poétique au sommet de l’émotion. Un grand moment sur la paternité servi par de somptueux acteurs et l’extrêmement convaincante beauté naturelle, Hafsia Herzi (présente sur l’affiche).

Le saviez-vous ?

- Suite à la mort de son père pendant le montage de L’esquive, Abdellatif Kechiche a voulu poursuivre son hommage et c’est à l’un des amis de ce dernier que le réalisateur a fait appel pour interpréter son rôle.

- L’idée du film existait déjà avant la réalisation de La faute à Voltaire et devait impliquer plusieurs membres de la famille du metteur en scène.

Note d’intention

Je suis parti d’un pur fantasme populaire, le genre d’histoires que l’on aime à raconter dans les cités, le mythe de ceux qui « s’en sont sortis », autrement dit, qui ont échappé à l’esclavage moderne que représente une situation professionnelle précaire, en créant leur propre affaire ; pour le traiter avec une certaine ironie et la capacité à débrider le récit que permet le choix narratif du conte. Il s’agit donc d’un récit d’aventure, où la dimension humaine des personnages, même lorsqu’ils sont pris dans un groupe, ou une action forte, comme c’est le cas dans la précipitation dramatique de la seconde partie, tend à constituer le motif central. Et tout en m’astreignant à concentrer et à maintenir l’intérêt autour de cette action principale, à laquelle je tiens pour sa forte dimension euphorique et symbolique à la fois, il était important pour moi de laisser, paradoxalement, libre cours aux digressions qui pouvaient venir s’enchevêtrer dans le récit, comme autant d’escapades justifiées par le simple plaisir contemplatif des événements de la vie quotidienne de ce feuilleton familial.

L’alliance entre la dimension romanesque, et le rendu des personnages et de leur environnement, est pour moi primordiale, car, d’une part, le milieu dépeint est celui auquel j’appartiens, donc je suis affectivement très impliqué, et d’autre part, parce que c’est aussi en réaction à des schémas encore trop souvent réducteurs, que je voulais représenter cette famille de « Français-Arabes » dans sa complexité, et investie dans l’ouverture d’un restaurant familial, donc tournée vers un avenir qui ne soit pas forcément synonyme de la négation de sa propre singularité.

Faire le plaidoyer énergique et décomplexé du droit à la différence, sans pour autant tomber dans la stigmatisation méprisante et réductrice de la représentation exotique, constitue un double enjeu, essentiel, auquel mon regard affectivement investi me prédispose, je crois.

Abdellatif Kechiche

Fiche technique

Réalisateur : ABDELLATIF KECHICHE

Casting : HABIB BOUFARES, FARIDAH BENKHETACHE, SABRINA OUAZANI, HAFSIA HERZI, MOHAMED BENABDESLEM, ABDELHAMID AKTOUCHE, BOURAOUIA MARZOUK, SAMI ZITOUNI, LEILA D’ISSERNIO, HATIKA KARAOUI, OLIVIER LOUSTAU, BRUNO LOCHET, NADIA TAOUL

Scénariste : ABDELLATIF KECHICHE

Directeur de la photo : LUBOMIR BAKCHEV

Producteur : PATHE RENN

Distributeur : PATHE DISTRIBUTION

Pays : France

Année de production : 2005

Date de sortie France : 12/12/2007

Visa : 112262 Genre : comédie dramatique, tous publics

Durée : 2h31

Site web officiel : ici

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