mardi 18 décembre 2007, par Olivier Bruaux
Voir en ligne : Photos de Virginie Ledoyen, Julie Gayet, Emmanuel Mouret /pictures
En déplacement pour un soir à Nantes, Émilie rencontre Gabriel. Séduits l’un par l’autre, mais ayant déjà chacun une vie, ils savent qu’ils ne se reverront sans doute jamais.
Il aimerait l’embrasser. Elle aussi, mais une histoire l’en empêche : celle d’une femme mariée et de son meilleur ami surpris par les effets d’un baiser.
Un baiser qui aurait dû être sans conséquences…
Quel bonheur de pouvoir se réchauffer dans une salle obscure pour regarder et écouter de telles réussites. Une nouvelle surprise vous attend, chers lecteurs. Non, il ne s’agit pas d’un énième Voulez-vous coucher avec moi ni d’un classique Last kiss goodbye mais plutôt d’un nouveau ton s’inscrivant dans un genre unique en soi, celui de l’auto-comédie portant sur le dérisoire dont dépendent pourtant nos vies. Un baiser, ce petit frottement issu de la rencontre de deux paires de lèvres, voilà le point de départ de cette fable sur l’amour, l’amour moderne, l’amour impossible ou l’amour insatisfait.
La grande réussite de la première réalisation d’Emmanuel Mouret est d’éviter les poncifs servis depuis plusieurs années sur les trentenaires insatisfait et inaccomplis. Le berceau de cette histoire reste l’écriture précise et fluide qui nourrit ce conte en forme de parabole. Les difficultés de la narration sous forme de diptyque ne résistent pas à la simplicité de la réalisation qui rend la navigation entre les tableau lumineuse et claire. Sous la couverture se retrouvent des comédiens doués, sensibles et drôles. Mouret convainc également comme acteur auprès de charmantes dames telles que Julie Gayet et Virginie Ledoyen. La caméra se promène lentement et nous propose de filmer le désir, l’impatience et l’envie à travers des regards et des visages expressifs et irrésistibles pour ce qui est des femmes. Julie Gayet est extraordinairement belle dans cette scène finale en forme de sage conclusion.
N’allons pas jusqu’à dire que le cinéma français en mourrait si Emmanuel ne nous servait pas un prochain film aussi frais et beau, mais à l’heure où le Time magazine sonne le tocsin de la culture française, il serait agréable de se couler à nouveau dans ce cinéma guimauve intelligent et admirablement construit. Quelques Shamalows pour étouffer les mauvaises langues et le plaisir sera licoreusement renouvelé.
A la fois réalisateur, acteur et scénariste Emmanuel Mouret semble avoir un univers cinématographique bien à lui si bien qu’il ne joue que dans ses propres films. Dès le début de son film, il sait imposer le ton sur lequel son film va fonctionner, par une mise en scène incroyablement subtile : pas d’artifices, il filme juste et au plus près et un sens du dialogue dont l’écriture témoigne de rigueur et de subtilité. Le réalisateur nous faire part de sa vision de l’amour où tout peut basculer sans que l’on le veuille vraiment, on est des fois un peu victime du hasard.
Un baiser s’il vous plaît s’avère être une histoire d’adultère arrangée, échouée, qui fait penser deux inconnus sur le point de s’embrasser, leur faisant réfléchir sur l’éventuelle conséquence d’un baiser. Le film dévoile des sentiments simples comme l’amour ou la jalousie, la déception et la lassitude, et, de son approche peu commune, érige chaque personnage comme un acteur de la vie courante, pigmenté de maladresses et de sincérité. C’est un film qui décrit des chassés-croisées amoureux avec l’intelligence et la finesse des écrits de Marivaux, tout s’orchestre tel un ballet avec du rythme, de la légèreté et de la gravité, de l’humour et de l’émotion qui se dégage des personnages. Malgré tout l’artifice des situations, le film parle de choses graves avec légèreté, ou de choses légères avec gravité, qu’importe puisqu’il parvient à émouvoir sur les questions délicates du couple, du désir, de l’amour, tout cela sans lourdeur.
Le film met en scène la classe bourgeoise, avec ce qu’elle a d’inconfort relationnel, d’incommunicabilité. L’intrigue est malgré tout un peu longue à démarrer, pour mieux prendre le spectateur à son rythme et à ses péripéties par la suite.
Le casting est à la hauteur du film : Virginie Ledoyen est impeccable et touchante entre désir amoureux et culpabilité. Emmanuel Mouret est à l’image de son personnage lunaire, décalé mais aussi charmant, soucieux et attachant.
Julie Gayet (Mon meilleur ami), Frédérique Bel (Camping), Stefano Accorsi (Les deux mondes) et Michaël Cohen (Le héros de la famille) complètent le casting.
Tour à tour, drôle, charmant, émouvant ...
Réalisateur : EMMANUEL MOURET
Casting : VIRGINIE LEDOYEN, EMMANUEL MOURET, JULIE GAYET, MICHAEL COHEN, STEFANO ACCORSI, FREDERIQUE BEL, MARIE MADINIER, MELANIE MAUDRAN, JACQUES LAFOLY, LUCCIANA DE VOGUE
Scénariste : EMMANUEL MOURET Directeur de la photo : LAURENT DESMET
Producteur : MOBY DICK FILMS
Distributeur : TFM DISTRIBUTION
Pays : France
Année de production : 2007
Date de sortie : 12/12/2007
Site web : ici
Visa : 115813
Genre : comédie sentimentale presque dramatique
Durée : 1h41
Titre italien : Un bacio, per favore
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