mercredi 21 mars 2007, par Olivier Bruaux
Voir en ligne : Photos de Charlotte Gainsbourg
Cette fable moderne raconte l’histoire d’hommes anciens. Elle retrace le voyage à travers le temps et l’espace de personnes attirées par les images d’une terre rêvée et jamais vue, sorte de paradis terrestre où poussent des fruits géants, où des pièces de monnaie tombent des arbres [1]. Un voyage vers le Nouveau Monde, la terre d’Amérique.
Commençons par revendiquer la justesse du titre original, Nuovomondo, qui malheureusement n’a pas retenu les faveurs des distributeurs alors qu’il aurait sûrement mieux parlé aux spectateurs puisque quasi-transparent. L’Amérique depuis deux siècles n’a cessé de représenter le Nouveau Monde, celui de la libre entreprise, de la terre à perte de vue et du travail à la pelle. Nos amis hispaniques ont pris le relais en Amérique Latine et du Sud mais ils ne font qu’imiter les millions de téméraires et courageux qui ont bravés les océans pour caresser les rives éclairées par la Statue de la Liberté.
Emanuele Crialese nous transporte de manière onirique, poétique et symbolique. Il est clair que le message chrétien de l’Amérique dominante et accueillante a marqué le réalisateur, lui-même passé par la Heaven’s gate, porte de l’immigration des Etats-Unis. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter attentivement les paroles de son générique de fin, "Sinner Man" (L’homme pêcheur) de Nina Simone dans un bain de pureté avant d’entrer au paradis blanc du berger américain.
Tout cela ne doit pas nous faire oublier la qualité de la mise en scène et du propos dignes de Pedro Almodovar pour ce qui est de l’approche métaphorique de la sexualité (Parle avec elle). Toutes ces trouvailles visuelles donnent aux comédiens une matière formidable pour exprimer leur talent. Charlotte Gainsbourg et Vincenzo Amato sont excellents de candeur et de pugnacité devant l’adversité. Ils participent à cette magie qui dédramatise allègrement l’épisode semi-tragique que fut cette "déportation" massive volontaire de millions de pauvres à la recherche du bonheur.
Golden Door est un magnifique projecteur braqué sur la Porte de Lumière paradisiaque du cinéma, celui de la poésie, de l’invention. Un véritable passeport pour l’aventure et le bonheur frais. Ahhhhhh ! Respiro.
Bien que leurs films soient diamétralement opposés du point de vue du style, il n’empêche que David Lynch et Emanuele Crialese aiment la bonne musique. Ainsi, tous deux utilisent le titre "Sinner man" pour clore leur film. En effet comme Golden Door, Lynch termine son interminable Inland Empire par une très mystique mise en scène de la chanson de Nina Simone.
Réalisation et scénario : Emanuele Crialese
Interprètes : Charlotte Gainsbourg, Aurora Quattrocchi, Vincenzo Amato, Francesco Casisa, Filippo Pucillo, Federica de Cola, Isabella Ragonese, Andrea Prodan, Ernesto Mahieux, Vincent Schiavelli, Massimo Laguardia et Filippo Luna
Pays : France, Italie
Année de production : 2005
Date de sortie : 21 mars 2007
Genre : comédie historique & humaniste
Durée : 118 minutes
Musique : Antonio Castrignano
Site officiel : http://www.goldendoor-lefilm.com
Distributeur : Memento films distribution
Visa : 110 256
Récompenses : Lion d’Argent de la Meilleure Révélation Cinématographique au 63ème Festival International du Cinéma De Venise 2006
[1] allusion au proverbe "Money doesn’t grow on trees/ l’argent ne pousse pas dans les arbres" en anglais
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