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La journée de la jupe de Jean-Paul Lilienfeld

samedi 11 avril 2009, par Thibault Lebert


Synopsis

Un jour, un professeur de collège à bout prend ses élèves en otage...

L’avis critique de Thibault

Thibault Lebert

Après un premier come-back sans suite avec La Repentie, Adolphe et Bon Voyage, revoilà Isabelle Adjani au cinéma. Le réalisateur Jean Paul Lilienfeld, déjà auteur de XY, HS et 4 garçons plein d’avenir, s’attaque cette fois-ci au drame social avec la grande institution scolaire des lycées défavorisés comme toile de fond.

Sonia Bergerac, une prof de français, essaye désespérément mais sans aucune autorité, de faire son métier. Elle part perdante avec sa peur d’affronter les élèves. Un jour, elle se retrouve avec dans les mains, une arme tombée du sac d’un élève et perd les pédales. A bout de nerfs, elle prend neuf de ses élèves en otage. Peu à peu, ce personnage révèle ses fêlures et devient plus crédible. Elle croit à la culture, elle croit surtout à la laïcité et aux droits des femmes de montrer leurs mollets en portant une jupe sans être traitées de putes.

La force de La journée de la jupe, c’est de partir d’une situation à priori invraisemblable et poussée au paroxysme de la tension et du stress, arriver à mieux dénoncer le quotidien, le réel de ces profs et élèves de ZEP. Car au delà de la prise d’otage, du spectacle, qui fait adhérer le spectateur et qui lui procure un plaisir cinématographique, c’est à une confrontation frontale entre professeur et élèves que nous assistons. Le renversement des tendances, la prise de pouvoir du prof va lui permettre enfin de régler ses comptes et d’aborder tout les non dits de cette société. C’est une confrontation sanglante qui nous est proposée. Sanglante mais nécessaire.

Le film est drôlement culotté de nous montrer quelque chose d’aussi politiquement incorrect. Tout le monde a démissionné, à commencer par le Principal, par lâcheté, par peur d’être mal noté, et aussi grâce au laisser-faire de la hiérarchie. Jusqu’aux professeurs, qui se réfugient dans la démagogie.

Isabelle Adjani retrouve un rôle de femme perturbée qui a fait son succès. Elle renoue avec les rôles passionnés et dramatiques dans lesquels elle excelle. Passé quelques minutes ou son incroyable physique surprend, tout comme son jeu légèrement outrancier, elle nous émerveille comme à sa grande époque et réalise une très grande performance. Depuis le temps qu’on attend, il était temps... Quant aux élèves, ils ne sont pas en reste. Tous sont justes et donnent au film un sentiment de proximité. Jackie Berroyer en principal est plus vrai que nature. Il dit tout haut ce qu’aucun principal ne pourra jamais formuler. Anne Girouard est fantastique en prof révoltée. Quand à Denis Podalydès, il est impeccable en négociateur blasé. Tous les seconds rôles auraient mérité d’être un peu plus développés.

Une belle réflexion sociale sur la violence à l’école et la condition féminine en banlieue. Du suspens, de l’humour, du réalisme, du drame. Ici, pas de leçons données, juste des questions posées.

Fiche Technique

Genre : Comédie dramatique

Nationalité : Française et Belge

Réalisation : Jean-Paul Lilienfeld

Casting : Isabelle Adjani, Denis Podalydès, Yann Collette, Jackie Berroyer, Nathalie Besançon, Khalid Berkouz, Yann Ebongé, Sonia Amori, Kevin Azaïs, Sarah Douali, Hassan Mezhoud, Karim Zakraoui, Fily Doumbia, Salim Boughidene, Mélèze Bouzid, Anne Girouard, Stéphan Guérin-Tillié, Olivier Brocheriou et Marc Citti

Durée : 88 min

Année de production : 2008

Date de sortie : 25 Mars 2009

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