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Expo Jacques Tati à la Cinémathèque de Paris

dimanche 12 avril 2009, par Olivier Bruaux, Sandrine Liochon


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Une petite exposition pour un grand homme

Cinéaste rare et désiré, Jacques Tati est le plus grand burlesque du cinéma français : irremplacé, irremplaçable, souvent imité, jamais égalé.

Comique au visage toujours sérieux comme Buster Keaton, il invente une nouvelle conception du cinéma dans laquelle ce ne sont pas les personnages qui font partie du décor mais des personnages éléments de décor qui peuvent prendre vie accidentiellement.

Jamais peut-être le décor au cinéma n’a été aussi élaboré, aussi précis que chez Tati : des années après, les spectateurs se souviennent de la maison et du jardin de Mon Oncle. Tati est le perfectionniste du moindre détail d’où sans doute le temps mis à réaliser ses films : une oeuvre infiniment plus prolifique en qualité qu’en quantité...

L’exposition se veut à cette image : petite (comparée à celle qu’il y avait eu sur Méliès par exemple) mais très riche et très conforme à l’esprit de Tati avec en couleurs de fond le gris et le blanc et superposées dessus les autres couleurs et l’assemblage d’objets hors du commun que Tati affectionnait : ainsi, tous les chapeaux portés par les dames dans Playtime lors de la visite de l’usine. Séparément, ces objets ne sortent pas trop de l’ordinaire mais, regroupés tous ensemble, ils transforment ces dames en des poules pépiant dans leur basse-cour. Tati excelle à harmoniser une architecture atypique à des personnages ordinaires dont les accessoires les assortissent à leur habitat. Les maisons ne semblent plus avoir été crées pour l’homme, c’est l’homme qui paraît modelé pour son environnement. Il est "la poupée de la maison de poupée".

De même, dans cette exposition, il y a des petits coins, des espaces dont l’utilité semble indéfinie tel que l’escalier qui ne mène nulle part et ce tableau où, en appuyant sur des boutons, le spectateur peut allumer des lignes de points de couleur, c’est ludique plus que pratique. Tati pousse la logique de l’illogique à son sommet, l’absurde ( l’homme et son chien ayant le même manteau dans Mon Oncle par exemple) est traité comme une chose naturelle et c’est le personnage normal "l’oncle" qui paraît décalé dans cet espace où il ne se reconnaît pas : comme lorsqu’il tente de s’asseoir sur un fauteuil rond où il s’enfonce ridiculement et doit changer pour une chaise "ordinaire".

De même, le spectateur qui connaît un peu l’oeuvre de Tati se sent et ne se sent pas dans un espace qu’il maîtrise : il reconnaît des choses mais ne les méconnaît il pas ? Des indications claires telles que les noms des films dans lesquels ils figurent au dessus des décors sont un repère dans une architecture qui une fois de plus le dépasse : la taille démesurée du fauteuil en bois, de la sculpture du chien et de la cabine de bain dans la dernière salle l’écrasent : est-il bien humain pour ne pas s’intégrer dans ce décor qu’un homme a su concevoir ?

Redécouvrez en Tati le plus grand architecte du cinéma. Celui qui rêvait de faire autre chose qu’un film "construire un immeuble par exemple" rebâtit notre vision du monde.

Lien externe

- La polémique sur la pipe effacée sur les affiches de l’exposition Tati
- Et si Tati m’était catalogué ?...
- Découvrez et écoutez les musiques de films de Jacques Tati
- Les détails de l’exposition et l’univers de Jacques Tati

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