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L’autre Dumas de Safy Nebbou (critique)

mardi 23 mars 2010, par Thibault Lebert


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Synopsis

Alors qu’Alexandre Dumas et Auguste Maquet, son nègre littéraire, sont au sommet de leur collaboration, Maquet décide de se faire passer pour Dumas afin de séduire Charlotte, une admiratrice de l’illustre écrivain. Entre les deux hommes, l’affrontement est inévitable. Dans Paris, la Révolution de 1848 se prépare...

L’avis critique de Thibault

Thibault Lebert

Quel que soit le nom qu’on lui donne -collaborateur, co-auteur, porte-plume, alter ego, Auguste Maquet, dans l’ombre de l’auteur des Trois mousquetaires durant toute son existence, méritait bien qu’on lui consacrât un film. Dans L’autre Dumas, le couple qu’il forme avec le grand Alexandre, est de ceux qu’on aime à retrouver au cinéma.

Adapté de la pièce de théâtre Signé Dumas écrite par Cyril Gely et Eric Rouquette, L’autre Dumas est le troisième film de Safy Nebbou après Le cou de la girafe et L’empreinte de l’ange (devenu L’empreinte). Le réalisateur s’attaque au film historico-littéraire mais pour la première fois, il manque d’inspiration.

La mise en scène est studieuse et la façon de traiter son sujet est trop théâtrale, voire trop laxiste. La reconstitution de l’époque est satisfaisante et les costumes et décors nous plongent avec talent dans le passé. Malgré des dialogues savoureux et assez justes, le scénario est lent, académique et ennuyeux. On ne s’élève jamais au-delà de l’anecdote racoleuse. Quant à l’histoire de sa collaboration avec Auguste Maquet, dont on exagère ici l’importance, elle donne lieu à une romance particulièrement mièvre et insipide qui prend le pas sur un affrontement qui aurait pu être intéressant. Le film manque cruellement de rythme.

De la vraie truculence d’Alexandre Dumas, de ses saillies verbales, de ses provocations politiques, de son génie de romancier historique, il ne reste pas grand chose dans ce film laborieux et dépourvu d’imagination. On y caricature l’écrivain sous les traits faciles d’un jouisseur qui ne pense qu’à se bâfrer et trousser les jupons.

L’autre Dumas réserve une interprétation d’une immense qualité. Rien n’est laissé au hasard. Après avoir interprété le personnage de Porthos dans L’Homme au masque de fer et surtout le Comte de Monte-Cristo dans la mini-série éponyme signée par Josée Dayan, Gérard Depardieu incarne un Alexandre Dumas tout en retenue, sans trop d’extravagances ni même de cabotinage. Pour lui donner la réplique, dans la peau de l’écrivain Auguste Maquet, Benoît Poelvoorde apparait touchant et fragile. Il apporte une grande tendresse à son personnage. Avec ce film, il nous prouve qu’il n’est pas seulement un excellent comique mais aussi un comédien d’une grande qualité. Le couple si complémentaire fonctionne à merveille. L’un gris et blessé, l’autre tonitruant et jouisseur, soit le contraste parfait. Ils sauvent le film. Dominique Blanc et Catherine Mouchet sont excellentes. Michel Duchaussoy (Le Petit Nicolas), Jean-Christophe Bouvet (Cinéman), Philippe Magnan (Les enfants du marais) et Florence Pernel (Le coach) complètent le casting. L’interprétation parfaite rend indulgent vis à vis de la mise en scène qu’on pourrait qualifier de classique mais qui, honnêtement, est d’un académisme et d’un manque d’inspiration criant.

L’idée de traiter l’histoire d’Alexandre Dumas et d’Auguste Maquet était excellente mais quel dommage d’en arriver là. L’autre Dumas n’avance pas à la bonne mesure. En effet, la réalisation trop conformiste et l’intrigue pas assez pimentée offrent un film agréable mais lacunaire. La vie de Dumas et de Maquet méritait mieux que ce traitement sans envergure.

Fiche Technique

Genre : Drame, Historique

Nationalité : Française

Réalisation : Safy Nebbou

Casting : Gérard Depardieu, Benoît Poelvoorde, Mélanie Thierry, Dominique Blanc, Catherine Mouchet, Michel Duchaussoy, Jean-Christophe Bouvet, Philippe Magnan et Florence Pernel

Durée : 105 min

Année de production : 2009

Attaché de presse : André-Paul Ricci

Date de sortie : 10 février 2010

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