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Interview de Gérard Lanvin pour Le héros de la famille

mercredi 20 décembre 2006


Voir en ligne : Photos de Gérard Lanvin

Qu’est-ce qui vous a touché quand vous avez lu le scénario de Le héros de la famille ?

Toujours pareil, une écriture... Quand ça concerne l’humain, c’est toujours intéressant à aller visiter. Là, il y a une histoire de famille, une histoire d’héritage à régler qui, bien sûr, va faire que les caractères vont se révéler, se préciser... Il y avait un premier pari excitant qui était d’investir, de faire exister une famille qui n’existait pas, avant que Thierry ne la compose avec des acteurs formidables. Le deuxième pari, pour moi, c’était d’interpréter un magicien, autrement dit quelqu’un qui a beaucoup d’adresse, d’habileté, alors que moi, je suis maladroit comme tout ! Justement, c’est passionnant : on cherche jusqu’au bout des rôles que l’on n’a pas encore travaillés. Enfin, ce qui m’a touché aussi, non plus dans le scénario mais dans cette aventure, c’est la détermination et l’envie de Thierry. Je sais à quel point il est près des acteurs, à quel point il les aime. D’ailleurs, sur le tournage, c’est devenu très important pour nous tous, de le motiver, de lui donner de l’énergie en étant au plus près de ce qu’il rêvait d’obtenir.

Comment définiriez-vous votre personnage ?

Nicky est avant tout un séducteur, un homme qui connaît le pouvoir qu’il exerce sur les gens, qui est très attiré par les femmes... À son arrivée d’Algérie, au moment de l’indépendance, alors qu’il n’était qu’un adolescent, il a été recueilli par un homme, Gabriel [Claude Brasseur], qui l’a construit, qui a fait de lui ce qu’il est mais qui, en même temps, en le protégeant trop, l’a rendu fragile. La mort de cet homme va lui faire réaliser à quel point il a été trahi ou peu respecté par toutes les femmes qui l’ont aimé. C’est donc aussi un naïf. Un homme de mon âge mais naïf et avec toujours un désir absolu de séduire. Il va rencontrer une chanteuse, Léa, que joue Emmanuelle Béart, dont il pense qu’elle sera peut-être une de ses dernières histoires d’amour pour peu qu’il veuille la vivre. Enfin, c’est un homme de spectacle qui a connu sa petite heure de gloire mais qui, aujourd’hui, s’est réfugié au Perroquet bleu qui est toute sa vie, et dont pourtant il va être privé, car cet héritage ne va pas lui revenir. Mais, comme le dit Gabriel, il fallait le faire réagir, il fallait le faire grandir... Et il était temps ! [Rires.]

Comment définiriez-vous la relations entre Nicky et Gabriel ?

Ce sont un peu des rapports de père à fils. Gabriel, c’est un initiateur. Et il le sera jusqu’au bout. Même après sa mort. Comme on doit l’être quand on a une responsabilité vis-à-vis d’un enfant ou d’une famille. Jusqu’au dernier moment, il va tellement provoquer Nicky qu’il va se croire délaissé, mal aimé, trompé, alors que c’est justement parce que Gabriel l’aime profondément qu’il fait tout ça. Pour le faire réagir, pour le faire bouger, pour lui donner envie d’aller exister ailleurs, pour qu’il se trouve une autre énergie, une autre identité même... Alors que sa vie semblait s’être arrêtée, il lui offre la plus belle des ouvertures. Mais c’est pas facile d’apprendre tout ça à 55 ans !

Et que diriez-vous de vos rapports avec Claude Brasseur ?

C’est déjà un immense acteur et puis... c’est un homme que j’aime. Ca ne s’explique pas. C’est une évidence. Claude, je l’ai observé dans tous ses films, depuis longtemps, depuis qu’il jouait Vidocq à la télé. C’est un acteur que j’aime énormément. Et quand j’ai rencontré l’homme, je n’ai pas été déçu. Bien au contraire. Depuis que nous avons travaillé ensemble, on a développé une belle complicité. Quelque chose d’exceptionnel... Malgré notre différence d’âge, il devient un « pote » génial pour moi. En plus, il est comme un gosse, il a une folie incroyable, et qu’est-ce qu’il aime rire ! Et moi, justement, je « kiffe » de le faire rire.

Le héros de la famille

est un film choral qui vous donne l’occasion de rencontrer des actrices avec qui vous n’aviez pas tourné... Comme Catherine Deneuve, Emmanuelle Béart, Valérie Lemercier, Géraldine Pailhas...

La plupart en fait. C’est rare les films qui vous permettent d’avoir autant de partenaires féminines de qualité, autant d’actrices de haut vol !

Vous souvenez-vous la première fois où vous avez rencontré Catherine Deneuve ?

Oui bien sûr ! C’était au café-théâtre, à la « Veuve Pichard ». Catherine venait souvent voir les spectacles de café-théâtre et le jour où j’ai déboulé la première fois sur scène en chantant le chevalier masqué, qui est devenu le chevalier blanc plus tard dans le film de Coluche, je suis tombé... dans les yeux de Catherine Deneuve ! Et elle s’en souvient ! Après, je l’ai « flinguée » dans Le choix des armes. Je n’avais qu’une journée avec elle. Juste pour la tuer. Heureusement, c’était du cinéma et ça nous permet maintenant sur ce film-là d’être amoureux - enfin de nous rappeler que l’on a été amoureux et que nous avons eu un fils ensemble ! [Rires.] C’est un vrai plaisir de travailler avec elle. Il lui arrivait même de venir sur le plateau quand elle ne tournait pas. Juste pour nous encourager. Juste pour le plaisir d’être là avec nous.

Et Emmanuelle Béart ?

C’est Jean-Claude Brialy qui me l’avait présentée il y a déjà longtemps, à une projection dans une petite salle... Après, on n’a jamais eu l’occasion de se recroiser mais c’est quelqu’un que j’aime bien parce que je la sais sincère. Comme toutes les belles filles, elle a ce désagréable sentiment qu’on ne la croit jamais parce qu’elle est belle mais c’est quelqu’un qui s’investit dans ce qu’elle fait, qui s’implique à fond. Quand elle joue, elle est là ! Et elle s’investit avec autant de sincérité et d’implication dans les combats qu’elle mène. Tout ça en fait une femme à la fois fragile, équilibrée, intéressante, jolie, amusante, qui aime la vie... Une belle partenaire.

Ce film a été aussi pour vous l’occasion de retrouver 25 ans après, Miou-miou avec qui vous aviez tourné Est-ce bien raisonnable ? de Georges Lautner...

D’ailleurs, c’était aussi à Nice. Miou, enfin de compte, c’est ma petite sœur. On a le même âge. Lorsque nous nous sommes rencontrés, elle était déjà très connue. Moi, j’arrivais juste. Elle m’a aidé, elle m’a bien accueilli et justement, elle m’a appris à accueillir les autres. C’est une leçon que j’ai toujours retenue. J’ai pu être heureux sur Est-ce Bien Raisonnable ? alors que je n’étais quasiment rien du tout au départ et jouer à ses côtés l’un des rôles principaux du film, parce qu’elle a su m’accueillir, me mettre à l’aise. Et on s’est retrouvés aujourd’hui, sans s’être quasiment jamais croisés depuis, comme des gens qui ont fait, l’un et l’autre, un parcours singulier, avec la même simplicité, le même plaisir...

Comment définiriez-vous le rapport de votre personnage, Nicky, avec toutes ces femmes ?

C’est un « mec » qui aime les femmes, il est donc très attiré par les différences qu’elles peuvent nous apporter... La délicatesse, et toutes ces choses que notre sexe à nous n’a pas forcément... Chaque femme est facinante. Il y a toujours un truc exceptionnel à découvrir chez chacune d’entre elles... Je le comprends bien ce Nicky. Sa façon de vouloir séduire, de vouloir aimer absolument... Toutes ces femmes dégagent une vraie sensualité. Elles ont un réel pouvoir de séduction et, en même temps, elles sont fortes ! Plus fortes que lui. C’est intéressant d’avoir un homme aussi fragile que Nicky à jouer. C’est touchant ce désir absolu d’aller vers ces femmes, de leur plaire et de devenir leur amant - parce qu’il ne s’agit que de ça, il ne veut pas devenir leur homme, il veut devenir leur amant...

Quelle a été votre réaction quand Thierry Klifa vous a dit que vos deux enfants allaient être joués par Géraldine Pailhas et Michaël Cohen ?

Ah, ça fi le un coup de blues ! [Rires.] Vous vous dites : « Ouah, ils sont grands ! » En même temps, dans la vie, j’ai un fils qui a 30 ans, alors... De toute façon, avoir des enfants dans un film, c’est le signe de la longévité. C’est mieux qu’un César, un rôle avec des enfants aussi adultes. C’est le signe que vous avez déjà fait un bon bout de chemin ! [Rires.] Les Enfants de Christian Vincent m’avait déjà permis de mettre en action mon sentiment paternel, mais ils étaient petits. Là, c’est différent. Et puis, être entouré de deux personnes pareilles, de deux acteurs comme eux, ça vous donne une crédibilité supplémentaire. C’est un joli pari que de faire en sorte que ce garçon et cette fille deviennent vraiment vos enfants dans la réalité du film. C’est ça, au fond, le plus difficile... D’autant que là, les rapports que Nicky a avec ses enfants sont très loin d’être ceux que j’ai avec les miens ! Moi, à la différence de Nicky, j’ai « kiffé » avec eux des vrais moments de papa. Dans le film, Nicky est fâché avec sa fille - ce conflit, ça fait donc de la matière pour jouer. Et avec son fils, qui est homosexuel, il y a encore un rapport d’émotion... Quand c’est bien écrit comme ici, il n’y a aucun souci pour faire exister ces liens familiaux. L’analyse de texte est facile à faire, la relation semble aller de soi...

Y a-t-il une scène que vous appréhendiez particulièrement ?

Plein, plein... Toutes... Toutes, on les appréhende ! Sauf les scènes où l’on descend en courant un escalier, et encore on se dit « Pourvu que je ne me blesse pas ! » [Rires.] Ah, non, c’était coquet là. C’était un boulot vachement intéressant, délicat, pointu... Tout était difficile... avant d’être simple ! Il y avait du texte, et du texte qu’il fallait dire à la virgule près, dans des situations pas du tout évidentes. Imaginez-vous, j’ai connu Claude Brasseur sur Camping où nous sommes devenus amis, en short et en charentaises, et là, je dois danser un slow avec lui habillé en femme, sans que ce soit comique mais qu’au contraire, cette danse dégage une belle émotion d’amour ! Ce n’est pas évident au départ et ça devient très simple à l’arrivée parce que vous êtes en situation... Mais quand vous le lisez ! Surtout qu’au fi l des pages, ça s’accumule : il faut être très tendre avec Emmanuelle Béart sous les draps, il faut embrasser Catherine Deneuve sur un balcon, devant un feu d’artifice... Oh la la ! [Rires.] Ce n’est pas simple tout ça ! Et d’un coup, ça se met en place et tout roule. Ce qui est formidable, c’est qu’une fois que l’on dit « moteur, action », on est dedans sans problème ! Le lendemain, dans sa baignoire, quand on y repense, on se dit qu’il n’y avait de quoi s’en faire une montagne. Comment on y est arrivé, on ne sait pas trop. Mais c’est ça, le truc magique, c’est pour ça que l’on aime faire du cinéma.

Quelle est la scène que vous avez préférée jouer ?

Il y en a beaucoup... C’est difficile de choisir. Sur ce film-là, j’ai été quasiment de tous les jours, avec tous ces acteurs différents, soit à quelques uns, soit tous ensemble. J’ai eu trop d’émotions heureuse, à chaque fois à jouer avec eux... Valérie Lemercier, Michaël Cohen, Géraldine Pailhas... On s’est bien marrés tous ensemble, et on a formé une famille ! En plus, Thierry est un super directeur d’acteur. Ce n’est pas qu’il nous trouve des solutions, c’est qu’il nous les demande, qu’il cherche avec nous. Les grands directeurs d’acteurs sont des gens qui ne se satisfont pas du minimum et qui vont aller gratter avec vous pour trouver la plus grande exactitude par rapport à ce dont ils ont rêvé au moment de l’écriture... Il y a chez Thierry un rare mélange d’humanité, de gentillesse et de rigueur, d’exigence. Non, je n’ai pas de scène préférée, j’ai le film entier dans la tête dont le tournage m’a rendu heureux.

S’il ne devait vous rester qu’une image de toute cette aventure, quelle serait-elle ?

La photo de fin de film... Parce que c’est vrai qu’il y a eu beaucoup d’acteurs sur ce film, et toutes ces actrices que l’on ne m’avait jamais permis de rencontrer avant... J’ai travaillé là avec des gens que je regarde souvent au cinéma et qui me plaisent beaucoup... Ce sera ça, le souvenir exact de ce film, cette photo de famille.

Source : Dossier de presse Le héros de la famille - UGC Distribution

- Critique du film Le héros de la famille.

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