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Jean-Pierre Cassel, une vie en toute "multiplicité"

vendredi 20 avril 2007, par Olivier Bruaux, Thibault Lebert


Voir en ligne : Photos de Jean-Pierre Cassel

Editorial

Avec la disparition de Jean-Pierre Cassel s’éteint sûrement une lignée de funambules à tout faire, des "jacks of all trades" du milieu artistique. Ce réputé danseur savait tout faire et ce n’était pas le fruit du hasard s’il fut repéré par Gene Kelly dans le "Harlem" artistique bourgeois bouillonnant français, St Germain des Près. Cette race de durs à cuir engagés à 100% au service de l’art et de la créativité laisse de grands noms du music-hall comme Gabin, Arletty ou Bourvil mais Jean-Pierre Cassel en fut le digne héritier et héraut. Un héros parfois même, en tant que porte drapeau des professionels qui ne recula pas devant ses responsabilités en devenant Président de l’Union Des Artistes. C’est donc en toute reconnaissance que notre rédaction chausse ses claquettes pour lui rendre un hommage mérité mais loin d’être le dernier...

Oli

La note de Cécilia

Jean-Pierre Cassel, Jean-Pierre Crochon de son vrai nom, était un acteur et un danseur spécialiste des claquettes français né le 27 Octobre 1932 à Paris et mort le 19 avril 2007 également dans la capitale française des suites d’une “longue maladie”. Il était fils d’un médecin et d’une chanteuse d’opéra. C’est donc à sa mère qu’il doit sa vocation de comédien et sa passion pour les comédies musicales. Il entre au Cours Simon après avoir passé son baccalauréat. Il rencontre Gene Kelly, l’une de ses idoles à cette époque.

Sa carrière cinématographique commence en 1953 avec la route du bonheur. Mais, c’est grâce à Philippe de Broca qu’il devient célèbre en jouant dans des jeux de l’amour en 1960.

On connaît peu sa vie privée à l’exception, bien sûr de sa descendance. C’était le papa de Vincent Cassel, Cécile Cassel (actrice) et Rockin Squat (rappeur leader du groupe Assassin).

La note de Thibault

Adieu, gentleman.... L’acteur Jean-Pierre Cassel est décédé ce jeudi 19 avril à l’âge de 74 ans "des suites d’une longue maladie", selon l’AFP citant un communiqué de son entourage. Gentleman séducteur du cinéma des années 60, il avait tourné avec Deville, de Broca ou Chabrol. Récemment, on l’a vu dans nombre de films signés par des jeunes cinéastes de la génération de son fils Vincent.

Né le 27 octobre 1932 à Paris d’un fils d’un médecin et d’une chanteuse d’opéra, qui lui transmet son goût pour le monde de l’art et du spectacle, Jean-Pierre Crochon intègre le Cours Simon après avoir passé son baccalauréat. Passionné de comédie musicale, celui qui choisira bientôt pour pseudonyme Cassel fréquente à cette époque les clubs de Saint-Germain-des-Près, où il rencontre une de ses idoles, Gene Kelly - la star américaine enseignera un pas de claquette au comédien, qui fera une apparition, non créditée, dans The Happy road, réalisé par Kelly en 1958.

Dès 1953 et La Route du bonheur, Jean-Pierre Cassel trouve de petits rôles au cinéma. Il accède à la notoriété quelques années plus tard grâce à un autre débutant, Philippe de Broca, qui le remarque au théâtre et en fait le héros des Jeux de l’amour (1960), première d’une série de brillantes comédies écrites par Daniel Boulanger. Mais Cassel est aussi très vite sollicité par de glorieux aînés qui ont pour nom Renoir (Le Caporal épinglé, dans lequel il tient le rôle-titre en 1962), René Clair et Abel Gance. En 1969, le comédien est "l’ours" face à la poupée Bardot dans la fable de Michel Deville, un cinéaste qui lui confiera cinq ans plus tard un rôle de manipulateur dans Le Mouton enragé. Mais c’est le malicieux Chabrol, qui, le premier, mit à mal son image d’aimable séducteur avec La Rupture en 1970.

Jean-Pierre Cassel figure au générique de plusieurs œuvres marquantes du cinéma français des années 60 et 70, de L’Armée des ombres de Melville au film à succès Docteur Françoise Gailland en passant par Paris brûle-t-il ? et Le Charme discret de la bourgeoisie de Buñuel, dans lesquels son mélange d’élégance et d’ironie font merveille. Mais de grands noms du cinéma international font également appel au gentleman Cassel, parmi lesquels Joseph Losey, Robert Altman, Richard Lester -le comédien est Louis XIII dans Les Trois Mousquetaires en 1973- et Sidney Lumet dans Le crime de l’Orient Express où il incarnait Pierre Paul Michel aux côtés de Albert Finney, Lauren Bacall, Ingrid Bergman, Jacqueline Bisset, Sean Connery, Anthony Perkins et Vanessa Redgrave.

Si dans les années 80 et 90, l’acteur est plus présent sur le petit écran et sur les planches que dans les salles obscures, l’on signalera ses retrouvailles avec de vieilles connaissances : Philippe de Broca avec Chouans ! en 1988 et Claude Chabrol avec La Cérémonie en 1995. Il campe Georges Lelievre qui engage Sophie, une bonne analphabète et secrète mais dévouée, au service de la famille. On le retrouve chez Gérard Jugnot dans Casque Bleu où il incarne Nicolas, un vieil homosexuel fou amoureux de Freddy joué par Roland Marchisio. On le retrouve dans Traffic d’influence, La patinoire et Sade.

La décennie suivante permet de constater que la jeune génération de cinéastes n’a pas oublié Jean-Pierre Cassel : à l’affiche des Rivières Pourpres de Matthieu Kassovitz avec son fils Vincent où il campe le docteur Bernard Chernezé, de Michel Vaillant de Louis-Pascal Couvelaire et de Narco de Gilles Lellouche en 2004. Il y interprète le père de Guillaume Canet, narcoleptique. Puis, il enchaîne avec Dans tes rêves de Denis Thybaud Mike, Virgil de Mabrouk el Mechri Ernest, Bunker paradise de Stefan Liberski où il interprète le père de John Devaux et le court métrage Judas de Nicolas Bary. Joueur de golf dans Fair Play de Lionel Bailliu, il est aussi irrésistible en fou de vélo dans le tout récent Mauvaise foi de Roschdy Zem qui s’entête à appeller son gendre Israël au lieu d’Ismaël. Enfin, on a pu le voir dans Contre enquête de Franck Mancuso avec Jean Dujardin.

Preuve de son retour en grâce, une demi-douzaine de films qu’il a tournés devraient sortir au cours des prochaines semaines, dont Astérix aux J.O. dans lequel il campe Panoramix aux côtés de Gérard Depardieu et Clovis Cornillac, Le Scaphandre et le papillon en compétition à Cannes cette année et J’aurais voulu être un danseur, dans lequel il s’adonne à sa passion des claquettes... On ne sait pas s’il a eu le temps de tourner On l’appelait Milady de Richard Lester, Les Sapins bleus de Romuald Beugnon, Où avais-je la tête ? de Nathalie Donnini, L’Etage des morts de Gilles Béhat, Le Mytho de Hugo Gélin, Les Enfants de Timpelbach de Nicolas Bary. Reste qu’il ne fera pas partie de la distribution de L’Ennemi public n°1 et L’Instinct de mort de Jean-Francois Richet où son fils incarnera Jacques Mesrine.

Les hommages à Jean-Pierre Cassel

"Il ne marchait pas dans la rue, il dansait il volait, un être léger coûte que coûte" Rochefort RTL 20 avril 2007

"Un danseur fabuleux, la piste se dégageait quand il dansait" Pierre Mondy

"il était à la fois moderne et à la fois c’était un gentleman, mon Dieu que ça va être dur, c’est trop jeune" Line renaud RTL

"Il avait la grâce Jean Pierre" Françoise Fabian, actrice, réalisatrice

Source des réactions suivantes : le nouvel observateur

Jean Rochefort, acteur : « Il était la politesse de la légèreté et un séducteur « astairien » », allusion à Fred Astaire, l’une de ses idoles avec Gene Kelly. « Jean-Pierre était un ami de promotion. C’était la jeunesse, l’invention. Je suis très secoué. C’était un compagnon charmant ». «  Il y avait un esprit commun entre nous mais nous n’avions pas de mérite. Nous avons commencé après la guerre et le monde était renaissant et plein d’enthousiasme et d’espoir. Jean-Pierre était le symbole de l’élégance de la joie de vivre, avec l’idée que la vie serait du champagne (...) On avait le bonheur d’être actif, d’agir et de distraire les autres ». (France Info, vendredi 20 avril 2007)

Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture : « Il était le parfait exemple de l’artiste complet à l’aura aussi raffinée que populaire ». « Avec Jean-Pierre Cassel, c’est l’un de nos visages préférés qui disparaît, un comédien et un homme infiniment séduisant dont le talent a rayonné sur la scène artistique pendant près de cinquante années d’une grande et belle carrière ». « C’était un bonheur de le voir à l’écran et sur les planches, en danseur et en chanteur, heureux mélange d’élégance et d’ironie (...) Jean-Pierre Cassel avait à cœur de rendre accessible Shakespeare et Marivaux au large public des téléspectateurs ». (Communiqué, vendredi 20 avril)

Jean-Pierre Marielle, acteur, a rappelé qu’il a tourné « des films qui ont marqué une époque », surtout ceux de Philippe de Broca dans lesquels « il courait tout le temps » comme « une sorte d’éternel danseur ». (France 2, vendredi 20 avril)

Filmographie sélective

1962 : le caporal épinglé de Jean Renoir

1969 : l’ours de Michel Deville

1970 : la rupture de Claude Chabrol

1974 : le mouton enragé de Michel Deville

1988 : Chouans ! de Philippe de Broca

1995 : la cérémonie de Claude Chabrole

2000 : les rivières pourpres de Mathieu Kassovitz

2004 : Narco de Gilles Lellouche et Tristan Aurouet

2005 : Virgil de Mabrouk el Mechri

2006 : Call me Agostino de Christine Laurent

2006 : Mauvaise foi de Roschdy Zem

2007 : Contre-enquête de Franck Mancuso

2007 : Congorama de Philippe Falardeau

- Pour une filmographie plus exhaustive...

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